Après La Faute à Voltaire (2001) où il s’intéressait à l’univers des immigrés et des sans papiers, cette fois-ci, c’est au cœur d’une cité HLM en banlieue parisienne qu’il posent ses caméras afin de nous raconter le quotidien vécu par les gens du quartier. Des adolescents d’une quinzaine d’années, dans la vie de tous les jours, avec leurs folies, leurs rages, leurs disputes, leurs amitiés, des jeunes qui s’expriment de vives voix, sans retenues et sans gènes, où la violence des mots peut faire plus mal que celles des gestes. L'Esquive (2004), c’est en quelque sorte, une plongée à vif au cœur d’une cité lambda, où les jeunes s’y expriment sans retenue, comme un documentaire où la camera n’existerait pas, ils nous apparaissent à l’image sous un naturel déconcertant. Comme si rien n’était improvisé, ni planifié. Tout paraît si réel, si crédible, les jeunes acteurs pour la plupart novice à l’époque sont sidérants, notamment Sara Forestier (elle avait par ailleurs reçu pour son rôle, le César du Meilleur Espoir Féminin). Kechiche nous fait découvrir une autre image de la banlieue, pas celle que les médias nous rabâche, non, mais plutôt celle d’un patchwork de multiple origines, qui s’entrechoquent en cohabitant ensemble, où la violence à été remplacé par le dialogue, certes vulgaire mais omniprésent et ayant une place importante au cœur de ces jeunes, tiraillés par tant de haine et d’incompréhension. Mais il n’y a pas que de la violence au cœur de ce film, il y aussi de l’émotion, de la tristesse, de l’amour. Des jeunes qui s’aiment, qui se séparent, qui s’évitent, se cherchent, se rejettent, … . Une œuvre qui à l’époque de sa sortie a fait beaucoup parlé d’elle, trop surestimée pour certain, trop vulgaire pour d’autres. C’est pourtant une très belle réalisation que nous avons là, une approche particulière et impressionnante, qui fut couronné de succès et de récompenses aux Césars en 2005, avec notamment, celui du Meilleur Film & Meilleur Réalisateur.