Bunker Palace Hôtel est un film qui, je rejoins certains avis, est en effet un métrage bizarre. A mon sens, si la forme est intéressante, le fond reste, en dépit des efforts du réalisateur, assez terne.
En effet, il n’y a pas vraiment d’histoire en fait. Dans un univers sur lequel rien n’est vraiment dit, hormis qu’il y a une révolution, des hauts dignitaires du régime menacé se terrent dans un abri souterrain luxueux, d’où viendront les délogés de force une série d’événements et de protagonistes. Le mystère est entretenu jusqu’à la fin, une fin à l’image du reste, assez mystérieuse. Il y a un propos malgré tout, on comprend les rebondissements, on voit ce qui se passe, mais on ne sait pas toujours pourquoi, comment, bref, ça se passe mais on ne saisit pas très bien tous les enjeux. Et puis soyons honnête, si la seconde partie du film a de la consistance, la première reste relativement molle et peine à réellement s’affirmer. Il y a des longueurs, et de vrais morceaux mous. Il parait qu’idéalement ce film devait être un court, à la vue du résultat cela peut aisément se comprendre. A noter souvent un second degré salutaire.
Le casting est bon. Trintignant est intéressant dans son rôle, et il n’est pas pour peu de choses dans le côté « humoristique » du film, s’amusant visiblement beaucoup avec son personnage. C’est le plus à l’aise du lot, malgré quelques seconds rôles savoureux. En effet, l’autre grande vedette du film, Carole Bouquet m’a paru handicapante pour le film. D’une part sa prestation reste assez molle, peu accrocheuse, mais en plus elle introduit une invraisemblance dans l’histoire. Comment croire en effet que dans ce bunker personne d’autres que Trintignant n’a remarqué qu’elle n’est pas une haute dignitaire du régime ? Rien que ses cheveux rouges au milieu d’une galerie de types déguisés en croque-mort, ça alerte. A noter la présence de la rare mais intéressante Maria Schneider.
La forme séduit car il y a une réelle identité. Sans grand budget, Bilal instaure une vraie ambiance, recourant à des décors froids, une photographie grise, créant un univers gelé et dépourvu d’émotions. La bande son d’ailleurs va dans cette direction, avec une musique faussement harmonique. Il y a des sons aigres dans ces instruments. Bunker Palace Hôtel a une esthétique à lui, c’est déjà cela, et avec assez peu d’artifice en fait (pour ne pas dire aucun), Bilal signe un métrage immédiatement reconnaissable, et cela témoigne tout de même d’efforts récompensés.
En clair, ce film ne m’a pas enthousiasmé outre mesure, mais on est loin d’un mauvais film. C’est sûr, Bilal n’a pas un grand sens du récit, du moins cinématographique, et le métrage aurait largement pu être raccourci sans que cela n’impacte l’intérêt du film, ou alors Bilal aurait dû remplacer les scènes de remplissages par des séquences plus importantes au propos. 3