Le crocodile de la mort est finalement un film assez moyen, qui m’a un peu déçu car j’avais pas mal d’attente pour un métrage souvent considéré comme dans la partie haute de la filmographie de Hooper.
Les acteurs sont plutôt bons, il faut le dire, et sont pour beaucoup dans le fait que Le crocodile de la mort reste un métrage recommandable. On retrouve l’étonnant Neville Brand en vieux fou qui s’avère habité par son personnage et nous livre une composition fort bien maitrisée avec quelques apparitions impressionnantes (une d’entre elles à la faux est brillante). Autour de lui gravite un casting de bons acteurs de l’époque, dont Mel Ferrer, qui a touché de l’improbable série B aux meilleurs films de son temps, Robert Englund, jeune et qui imposait déjà son allure singulière à l’écran, ainsi qu’un casting féminin attrayant porté par de bonnes actrices du genre. Globalement c’est solide.
Le scénario a quelques difficultés. Le film d’abord bénéficie d’une narration pas très fluide, qui le rend un peu pénible à suivre, et cela alors qu’il s’agit d’un quasi huis-clos ce qui facilite théoriquement la fluidité de l’histoire. Ensuite il y a un réel manque d’enjeux. Finalement le film est assez redondant, il n’y a pas de suspens véritable, et le métrage manque par ailleurs de réels moments forts. Il y en a quelques-uns, c’est vrai, et ils sont mêmes très sympathiques, mais on était légitimement en droit d’attendre un peu plus du crocodile de la mort. Le crocodile qui n’a d’ailleurs qu’une faible présence, il ne faut surtout pas s’attendre à un film de monstre, ce serait une déception.
La réalisation est correcte, mais sans plus. Hooper semble s’être réservé pour quelques séquences marquantes, notamment un meurtre très bien mit en valeur. Il exploite aussi avec talent ses décors, mais pour le reste ça manque tout de même de réel soin. Le final est bien dans cette lignée, très abrupt, et malgré son dynamisme, assez fouillis, brouillon, pas totalement convaincant et pas totalement mit en valeur alors que c’est tout de même le bouquet final pour ainsi dire. Reste en revanche des décors très solides, notamment ce fameux hôtel qui ne manque pas de personnalité, une belle atmosphère aussi. Le film propose une ambiance poisseuse, glauque, peu attirante au demeurant pour voir le nombre de touristes qui s’y pressent ! La photographie aide bien, malgré un côté un peu trop sombre par moment. Pour ce qui est de l’horreur le crocodile de la mort s’avère finalement assez soft. Une ou deux séquences pourront marquer, il y a aussi de l’érotisme léger, mais l’ensemble n’est pas très violent et on ne voit pas grand-chose des exactions du crocodile. Lequel d’ailleurs apparait très peu, et visiblement parce que le budget n’a pas permis de faire de bien grande folie de ce point de vue. Dommage dira-t-on. La bande son manque aussi de travail. Là c’est clairement problématique car elle aurait pu servir fort bien l’atmosphère glauque, comme dans certains des meilleurs métrages d’ambiance italiens. C’est vrai qu’à l’époque c’était un peu ce qui manquait au cinéma d’horreur américain, une bande son soignée et présente, malgré les exceptions Phantasm et Halloween.
Au final ce film se laisse regarder, mais s’avère tout de même vieilli et assez bancal. Sauvé par son casting et son ambiance, Le crocodile de la mort ne va pas laisser de souvenirs impérissables, même si l’ensemble peut mériter un petit coup d’œil, et s’avère, en tous les cas, beaucoup mieux fichu que le dernier Crocodile du même Hooper, très indigeste et indigent.