Philippe Clair devant et derrière la caméra pour un film toujours aussi inconsistant. On peut lui reconnaitre une chose, une constance dans la comédie française la plus franchouillarde et aberrante. Clair c’est peut-être quelqu’un plein d’humour, mais pas un réalisateur !
Plus beau que moi tu meurs est un film qui pendant un quart d’heure fait à peu près illusion, si l’on admet que pour quelques blagues un prisonnier puisse être libéré de prison (entre autres !) pour bonne conduite. L’humour est d’une balourdise assez impressionnante, piochant dans les références habituelles du réalisateur, à savoir l’humour méditerranéen avec une forte connotation pied-noir. J’espère cependant que l’humour pied-noir ne se résume pas à Philippe Clair. Passé le premier quart d’heure, comme à peu près l’intégral des films de Clair, ça devient n’importe quoi. Plus d’histoire, le film se contente d’enchainer les gags avec un rythme allègre mais une finesse d’enclume. Je ne comprends pas pourquoi sacrifier l’histoire à l’humour, à croire que ce réalisateur ne sait pas jongler avec les deux. Or, comment faire rire si on ne parvient pas à donner une cohérence à ces gags, une ligne directrice ? Pour tout dire j’ai commencé à dodeliner de la tête dès qu’on est arrivé en Afrique. Là Clair se lâche (l’Afrique du Nord l’inspire visiblement !), et ça devient inconsistant, pochade peu drôle car totalement décousue.
Le casting essaye de tenir la distance, mais en fait seul Aldo Maccione se démarque un peu. Ce dernier pourrait sauver, par sa bonne humeur communicative, son second degré constant et sa qualité d’acteur malheureusement souvent sous-exploitée un film de série Z raté. Et ici, il met la main à a patte, incarnant deux rôles différents, et parvenant avec peine à faire décrocher les quelques sourires qu’on peut avoir devant le film de Clair qui loupe pourtant continuellement ses gags. Ce dernier se donne d’ailleurs un rôle important, et il aurait dû se retenir car il est toujours aussi mauvais acteur. Accent ridicule, jeu en berne, présence transparente, il est littéralement bouffé par Maccione ! Autour ce n’est pas mieux, avec un Raymond Pellegrin au numéro pathétique (devant le supermarché ça vaut son pesant de cacahuètes), et des seconds rôles à la présence à l’écran inutile.
Visuellement Clair nous transporte en Afrique du Nord, après un début à Paris. Bon, le film n’est pas trop moche ou misérable par rapport à d’autres films du réalisateur. Quelques décors corrects, une photographie honorable, un peu lumineuse, mais pour le reste la mise en scène n’a pas grand intérêt et la bande on n’a pas suscité une véritable attention. De toute façon je dirai qu’après avoir supporté l’histoire et les interprètes (hormis Maccione), la forme tient quasiment du détail.
Ce n’est pas le pire Clair que Plus beau que moi tu meurs. Mais c’est un film qui reste consternant en dépit des efforts de Maccione. La scène du miroir, celle des deux chauffeurs de voiture, du gamin insolent… ce film est un concentré d’humour drôle au deux-centième degré, qui possède ce défaut récurrent des comédies françaises bas de gamme du temps : il n’y a pas d’histoire. 1