Ah, les Charlots... Qui n'a pas vu leurs films enfant (soit un âge où la vacuité d'un scénario, l'outrance d'une interprétation ou encoure la lourdeur d'un gag n'a pas vraiment d'importance) ne peut pas comprendre l'attachement nostalgique qu'on peut porter à cette bande qui a fait rire la France des années 70. Car, force est d'admettre que leurs prestations cinématographiques ont terriblement mal vieilli et qu'il faut vraiment que la nostalgie fasse son office pour apprécier le spectacle. Deux films survolent, à mon sens, dans la filmo des Charlots : "Les bidasses en folie" (leur "chef d'oeuvre") et "Les fous du stade". Certes, Luis Rego a déserté mais l’alchimie entre les quatre restants (la charmeur Gérard Rinaldi, le rigolo Jean Sarrus, le lunaire Gérard Filipelli et le transparent Jean-Guy Fechner) est intacte. On retrouve, donc, leur humour enfantin, voire absurde avec un certain plaisir (pour peu qu'on ne soit pas réfractaire évidemment) ainsi qu'une ambiance "carte postale de la France d'antan" tellement surannée qu'elle en devient charmante (les fêtes de village, les bals musette, l'accordéon, les petites épiceries...). On retrouve, également, une musique de leur composition, comme toujours excellente et omniprésente. Certes, l'histoire ressemble davantage à une enfilade de gags plus ou moins élaborés (et vaguement influencés par le sport) qu'à une intrigue construite... mais, après tout, c'est le cas (voire la valeur) de tous les films des Charlots. Enfin, les seconds rôles sont, comme souvent, de grande qualité puisqu'on retrouve l'hilarant Paul Préboist en épicier râleur, la superbe Martine Kelly, l'hallucinant Gérard Croce en fiston un peu benêt, l'indispensable Jacques Seiler et quelques caméos qui fleurent bon les années 70 (Antoine, Aimable, Guy Lux...). "Les fous du stade" est, donc, une gentille madeleine de Proust qui devrait, cependant, être appelée, peu à peu, à sombrer dans l'oubli... si ce n'est déjà fait !