Ron Howard est tout de même le champion du film américain bien propre et aseptisé et puisant ses armes dans le pathos, mais à la narration efficace et parfois même évitant une mièvrerie trop flagrante. On lui doit notamment Splash, Willow, Backdraft, Apollo 13, Horizons Lointains ou un Homme d'exception (Oscar du meilleur réalisateur d'ailleurs). Eh bien dans " les Disparues ", il ne déroge pas vraiment à la règle. Le style est différent puisqu'il s'agit d'un western, ou du moins cela se passe au temps du Far West (1886), mais doté d'une réalisation très convenue malgré une idée de base plutôt originale.
La difficulté pour les " Ron Howard " de faire un western aujourd'hui est qu'il n'est plus vraiment de bon aloi de renverser la vapeur. En effet, le bon western a présenté pendant des décennies les bons cow-boys et les méchants Indiens. Et puis, la donne a changé et pour se faire absoudre (faute avouée est à moitié pardonnée) on a produit des films où les Indiens sont bons, gentils, sages et propres tandis que les garçons vachers sont mauvais, cruels, idiots et sales. Maintenant, c'est un peu plus compliqué, alors pour ne froisser aucune communauté ou lobby, pour jouer les humanistes et les redresseurs de torts, les cow-boys et les Indiens sont à la fois méchants et gentils ! Et parmi chacune des peuplades, on trouve la bonne proportion de Luke Skywalker et de Dark Vador pour concocter un petit scénario bien équilibré et pondéré.
Dans " Les disparues ", Cate Blanchett est une mère-courage qui élève seule ses deux filles (une de 8 ans et l'autre de 16 en gros) et gère un élevage avec l'aide d'un ranger qu'elle saute de temps en temps (ça fait pas de mal). Et voilà que Tommy Lee Jones débarque un jour affublé comme un indien (un Chiricahua plus exactement). On comprend rapidement que les deux se connaissent. En effet, c'est son père, mais elle le chasse car elle ne lui a pas pardonné qu'il l'abandonne enfant pour changer de vie en rejoignant une tribu et en devenant indien. Manque de pot, le lendemain, les deux gamines se font agresser par une bande d'Indiens (super méchants). La plus âgée est enlevée, tandis que Cate Blanchett retrouve la plus petite encore choquée de l'attaque. Alors bien sûr, Cate retrouve son papounet, et elle lui demande de l'aider à sauver sa petite-fille. Waaaah l'angoisse !
Evidemment, ils croiseront de très gentils indiens pour les aider, d'imbéciles yankees de l'armée (ils partent carrément dans l'autre sens) et de très méchants blancs (carrément des acolytes des très méchants Indiens).
J'exagère car le film se laisse voir comme un divertissement correct. C'est plutôt propre et lisse, et parfois même un peu longuet, mais en gros, ça se regarde tranquillement. Cate Blanchett et Tommy Lee Jones sont très bons dans leurs rôles respectifs et plutôt crédibles, les gamines le sont déjà beaucoup moins.