En 1960, dans un pays d'Afrique francophone tout juste indépendant, la population indigène et les expatriés français entretiennent des relations tendues. Les personnages de Jacques Dutronc et de Marie-Christine Barrault initient un drame humain et politique qui stigmatise entre autres choses le racisme de part et d'autre.
"L'état sauvage", prix Goncourt de Georges Conchon, est un état des lieux de ces jeunes républiques africaines pas réellement délivrées de la tutelle française. Francis Girod décrit l'impossible cohabitation entre deux communautés seulement liées par la corruption et parfois par la bêtise. D'un côté, il montre des français manipulateurs et condescendants, racistes et crapuleux (Claude Brasseur), cultivant la rancoeur d'avoir perdu leur "pré carré"; de l'autre, le réalisateur évoque le nouveau pouvoir et ses potentats corrompus ou incompétents. Sous l'oeil d'un flic local (Piccoli), énigmatique et passif.
Ce n'est pas tant l'intrigue, qui se focalise sur le couple Dutronc-Barrault, qui me semble déterminante que la somme de détails et de faits reflétant globalement l'Afrique officiellement décolonisée. La force du film, indépendamment de son acuité, est sa capacité à reproduire l'atmosphère locale, l'identité trouble d'une ancienne colonie.