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Hotinhere
555 abonnés
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4,0
Publiée le 26 décembre 2023
Portrait d’une jeunesse (allemande) insouciante, sacrifiée la fleur au fusil dans l’enfer des tranchées. Un pamphlet antimilitariste puissant, intemporel et brillamment mis en scène malgré quelques longueurs, récompensé par deux Oscars, meilleur film et réal bim !
J'ai compris la mention 'Version originale' du DVD que je me suis procuré : c'est une version non restaurée, et c'est vraiment dommage car l'image est globalement très mauvaise et détériorée et ça ne rend pas justice au film. Car "A l'ouest rien de nouveau" est sans contestation possible un très grand film de guerre et le meilleur avec "Les sentiers de la gloire" sur la première guerre mondiale (bien meilleur que les récents "1917" et la nouvelle adaptation de "A l'ouest rien de nouveau"). C'est sans doute celui qui montre le mieux ce qu'a été cette guerre, puisqu'il traite bon nombre d'aspects essentiels : l'endoctrinement, la vie dans les tranchées, en seconde ligne, l'hôpital, le retour en permission, le fanatisme de civils versus ce que subissent les soldats, et évidemment les bombardements et les combats. Et sur ce dernier point "A l'ouest rien de nouveau" est tout à fait étonnant. Bien qu'il date de 1930, il a été presque entièrement filmé en décors naturels et est d'une violence graphique assez inouïe. Certes, il y a moins de sang visible que dans les films d'aujourd'hui, il n'y a pas de cadavres décomposés accrochés aux barbelés, mais les soldats sont sales, blessés et pas rasés, bref, c'est visuellement très réaliste. Et ce réalisme étonnant on le retrouve dans la scène d'attaque incroyable qui détrône ce qui était pour moi la meilleure du genre : celle des "Sentiers de la gloire". En six minutes elle nous montre ce qu'était ces batailles de tranchées : préparation d'artillerie pendant des heures, traversée du no man's land par les assaillants, combats au corps à corps, repli vers la deuxième ligne de défense, contre attaque et reprise de la tranchée, tout est dit... des centaines d'hommes sont morts pour faire du surplace. Le montage est incroyable, on voit en cascade les hommes fauchés par les mitrailleuses, et aussi les mains d'un soldat déchiqueté rester accrochées aux barbelés, scène d'horreur que je n'imaginais pas possible dans un film plus ancien que 1970... et on est en 1930. On pourra aussi s'étonner des impressionnantes explosions d'obus qui atteignent un niveau de réalisme rarement vu même dans des productions très contemporaines... On l'aura compris, tout est fait dans "A l'ouest rien de nouveau" pour montrer ce qu'est la guerre, pour faire comprendre toute l'étendue de l'horreur, qu'il n'y a aucune forme de romantisme, et pour véhiculer un discours fondamentalement anti-guerre par l'intermédiaire des dialogues. Un tel résultat aussi en avance sur son temps dans la représentation de la violence est évidemment dû à la proximité des événements relatés, le film n'est fait que douze ans après l'armistice, et on sent bien la volonté de ceux qui en ont été les acteurs d'en faire un témoignage précis, on pourrait dire un docu-fiction (on peut aussi noter la précision des détails comme l'évolution des uniformes et des casques allemands). Il y a évidemment quelques moments qui font un peu vieillot, comme parfois un jeu d'acteur issu du cinéma muet (le parlant est tout jeune), mais c'est tellement négligeable par rapport à tout ce que ce film véhicule et par la qualité de sa réalisation que je ne peux que le recommander très vivement - en version restaurée... - malgré son grand âge, et croyez-moi, c'est autrement mieux que "1917" et la nouvelle 'adaptation' du livre sortie il y a peu sur une célèbre plateforme de streaming.
Un drame qui condense avec une modernité inattendue les enjeux réels de la guerre ainsi que la véritable expérience du front pour de jeunes naïfs aveuglés par le patriotisme de leurs aînés et l'image enjolivée du combat. Illustrant les attitudes diverses face à la mort latente grâce à un impeccable casting et à une narration efficace, ce cri pacifiste pathétique respecte et honore l'esprit du roman magistral de Remarque - dont la lecture ne saurait être assez encouragée! Une âpre critique lucide.
Ce film date des années 30, c'est fou ! Excellent film, excellents acteurs ! c'était ultra pertinent de dénoncer la guerre du côté de l'ennemi. Bravo, on n'a plus droit de nos jours à de tels films. C'est très très loin du patriotisme américain ! A voir & à revoir.
Totalement moderne, toujours passionnant et captivant, et même touchant, de part sa réalisation et son histoire. Un grand film qui traverse les décennies. Rien n'a changé depuis sa réalisation il y aura bientôt un siècle, tristement.
Il s'agit-là d'un chef d'oeuvre. Je le note pour la distraction que j'en ai eu : Les acteurs ne jouent pas très bien mais l'attention est facilement maintenue. Beaucoup d'effets sont naïfs, surtout dans les tranchées, mais ils ont le mérite d'amener un sentiment d'horreur et de perte d'innocence chez les jeunes soldats additionnée à une sensation d'absurdité totale. L'effet psychologique est parfaitement amené, le retour du soldat également. Le film est extraordinaire pour son époque et n'a malheureusement pas réussie à dissuader une Seconde Guerre Mondiale. Mais il s'agit d'une sacrée belle représentation de l'époque. On a du mal à croire qu'il ait été tourné il y a bientôt 100 ans. Incontournable si vous vous intéressé à la Première Guerre.
(...) Un choix fort de Milestone, c'est tout d'abord d'avoir évité d'utiliser une illustration musicale. Ainsi, l'émotion est plus brute et n'est dictée que par la puissance des images. Car oui, plus de 85 années après sa fabrication, "A l'Ouest, rien de nouveau" reste un des films de guerre d'une puissance émotionnelle rare, visuellement grandiose et qui respecte à la fois son sujet et l'intelligence du spectateur. Sur la forme, on trouve plusieurs plans sidérants comme ces incroyables travellings au-dessus des tranchées qui nous montrent les combattants avant l'attaque qui se préparent à "accueillir" les assaillants puis ces travellings à hauteur du sol qui nous montrent ces mêmes assaillants fauchés par les balles de mitrailleuse. Les corps s'écroulent par grappe de 12, les explosions ravagent le sol tandis que les combats au corps-à-corps s'engagent peu après, avec une sauvagerie assez incroyable pour l'époque. En effet, le film est tourné avant l'apparition du Code Hays et le studio Universal laissa Milestone assez libre de montrer toute la violence qu'il estimait nécessaire. C'est ainsi que nous pouvons voir les personnages se débattre au milieu de la boue, les visages ensanglantés et marqués par l'effort tandis que quelques plans gores parsèment le tout. Les scènes nocturnes restent d'une grande beauté, baignant dans une lumière noire traversée par les fusées éclairantes lancées dans le ciel par les armées françaises et britanniques. Aussi virtuose que soit le film de Milestone dans l'illustration des séquences guerrières, il marque aussi le spectateur d'une toute autre manière. Le roman proposait une plongée très introspective dans le quotidien du soldat Baumer et le film colle également à son parcours. Ne recourant nullement à la voix off (un choix payant), l'équipe de scénaristes préfère travailler les dialogues (le film sera également tourné dans une version muette) et si c'est parfois un peu plus didactique, on arrive à retrouver l'ambiance et certaines subtilités du livre. (...) Le jeu d'acteur est par contre un des gros points faibles du film, parfois trop outré et manquant souvent de naturel, les acteurs jouant parfois certaines scènes comme dans les westerns d'époques ou bien certaines comédies, une technique issue du théâtre mais aussi un reste du cinéma muet. Mais attention, ces petits bémols n'enlèvent rien des immenses qualités du film. Les dialogues sont très réussis, les acteurs sont bons, les péripéties sont assez variées et on sent un vrai esprit de corps qui les lie, quand bien même le film échoue à nous faire ressentir un peu d'émotion à la mort de certains d'entre eux, mais ça reste un plaidoyer très fort contre l'absurdité de la guerre. La critique complète ici
D'une modernité stupéfiante dans sa réalisation (pensez que nous sommes "seulement" en 1930), l'adaptation par Lewis Milestone du livre d'Erich Maria Remarque est une merveille d'équilibre, qui réussit le tour de force de traverser l'intégralité du premier conflit mondial et l'ensemble de ses thématiques dans la narration du destin de ces jeunes allemands joyeusement envoyés vers une boucherie dont ils ignoraient tout. En même temps que la désillusion gagne du terrain, les péripéties vécues se font plus précises et poignantes, la mise en scène est fluide et les interprètes excellents. Le propos pacifiste est magnifié comme rarement, avec l'exposition radicale de la vie dans les tranchées. Implacable.
Le film intéressant tant dans le cadre historique ou contextuel que dans le cadre technique n'est pas pour autant si magistral, avec un ton parfois pompeux et des longueurs le véritable moins se situe dans la représentation des valeurs exprimées par l'histoire, souvent stéréotypées elles ne rendent pas exactement comme on aurait souhaité qu'elles nous apparaissent. Des idées intéressantes dans le contexte historique tellement hyperboliques dans le film qu'elles n'ont pas l'effet escompté : peut être du à la grande thêatralité du cinéma hollywoodien de l'époque.
Quel film ! On suit durant plus de deux heures les "péripéties" de jeunes recrues de l'armée allemande face aux poilus Français. Tout est soigné dans ce film qui date pourtant des années 1920 : les profils des principaux personnages, la mise en scène... Le réalisme du film restitue avec force la monstruosité de la guerre, sans pathos ou presque, ce qui confère une grande force à ce film résolument pacifiste. On comprend aisément l'effroi qu'il a inspiré aux Nazis qui réussirent à le faire censurer avant même d'arriver au pouvoir. Car rien n'est épargné aux spectateurs : la discipline impitoyable propre à toute armée, les terribles conditions de vie dans les tranchées, les stupides attaques et contre-attaques qui se succèdent sans fin, la perte d'humanité que doit consentir tout soldat faute d'être tué par l'ennemi ou par ses supérieurs... Au final un film poignant servi par d'excellents acteurs.
Ça a un peu vieilli. Le début est plutôt caricatural avec le discours du professeur et l'enthousiasme des jeunes étudiants pour partir à la guerre. Même si c'est vrai que la plupart des belligérants sont partis la fleur au fusil. Ensuite, les horreurs de la guerre, elles, sont bien rendues.
Le fait que cette première guerre mondiale soit vue du côté allemand ne présente au final que peu d'intérêt. En effet, le film se veut pacifiste, et c'est bien le ressenti du soldat, de l'homme qui se cache derrière cet uniforme, qui est ici recherché, peu importe le camp auquel il appartient. Les fameux effets de la guerre sur la psychologie de ses combattants étaient donc déjà évoqués en 1930, "A l'Ouest, rien de nouveau" met les choses au clair et dénonce cette façon de vendre la guerre aux soldats et le traumatisme réel qui en résulte. De la manipulation de ces jeunes soldats à l'effondrement de leurs convictions, "A l'Ouest, rien de nouveau" intervient comme le contre-pied du film de propagande et laisse l'héroïsme de côté pour se pencher sur les méthodes de formatage employées et le ressenti de ces combattants. Derrière cette illusion de rêve se cache un douloureux cauchemar pour ces soldats !
Un grand classique difficile de passer outre malgré ses années au compteur. Milestone a su montrer à travers une tranche de vie de quelques hommes emportés malgré eux dans cette guerre toutes ses conséquences traumatisantes, physiques ou morales. Aucun moment larmoyant, aucune séquence choc mais une contemplation de l'absurdité grâce à la réalisation impeccable. A voir dans toutes les écoles.
« A l’Ouest rien de nouveau » de Lewis Milestone est sorti en 1930 soit 12 ans seulement après la fin de la Grande Guerre. Il raconte l’histoire du jeune Paul Bäumer (Lew Ayres), 18 ans, issu d’un milieu modeste et qui le crâne bourré par le patriotisme de son professeur qui n’a jamais connu la guerre, va s'engager dans l'armée allemande avec ses camarades de classe. Il découvrira rapidement la réalité et les horreurs de la guerre qui déshumanisent l’homme et en font un animal apeuré et prêt à tout pour survivre… tout comme les poilus français. C’est une adaptation très fidèle du roman éponyme « Im Westen nichts Neues » d'Erich Maria Remarque publié l’année précédente et qui fut rapidement un symbole de l’humanisme et du pacifisme allemand… pourchassé par les nazis. Le roman fut un triomphe et le film a reçu 2 Oscars comme meilleur film et pour sa réalisation. Un film culte contre la guerre qui ne vieillit pas !
Un film magnifique d'audace et de modernité qui délivre un message de paix universel. Pour dénoncer la boucherie de 1914-18 et faire prendre conscience de l'absurdité de la guerre, Lewis Milestone décide d'adapter un livre allemand et se place donc du point de vue de l'"ennemi". Seulement l'ennemi est un homme comme les autres, il a peur de mourir, se pose des questions sur la légitimité de cette guerre, pense à sa famille, meurt de faim, se déteste pour avoir tué et pleure ses camarades tombés au front. Le film délivre donc une réflexion qui transcende les lignes de front et donne au film une dimension universelle indéniable. Le tout est filmé avec brio et il est bien difficile de deviner que le film fut tourné en 1930. Le cinéaste a les moyens et sait les mettre à profit avec bonheur : les mouvements de caméra sont virtuoses, les batailles sont d'un réalisme époustouflant, la bande son est glaçante, bref la mise en scène est d'une modernité incroyable. Le film fait mouche encore en 2014 grâce également à un scénario déchirant, à des personnages fascinants et à des acteurs qui donnent une profondeur incroyable au récit. Ceux-ci font évoluer leurs personnages avec beaucoup de finesse et une sombre gravité gagnera peu à peu cette brochette d'ados naïfs. All quiet on the western front est donc un chef d’œuvre puissant et un précurseur pour toute une série de films mythiques. Sublime !!!!!!