probablement le plus immense de tous les films réalisés avant les années 90. peut-être aussi le plus profond sur le cinéma.
méconnu, Atom Egoyan réalise depuis 20 ans (il en avait alors 29) des films impalpables et abyssaux.
ici, il s'agit d'une ambiance reposant sur les un-speaking parts. la musique (merveilleuse) - les apparitions & disparitions (mystérieuses) - les visages et les gestes (somptueux)...
pour en donner le rythme, pour questionner les rapports de l'image à la parole -en une constante mise en abyme des arts visuels, et parfois palimpseste infini-, Egoyan use d'un montage virtuose, jouant sur la qualité d'image et sa pixellisation, son parasitage, sa biture, sa friture.
interférences.
l'Autre sauve la parole, il en est responsable.
elles sont trop dans l'émotions, le "feeling".
et puis il y a ce qui "revenante" comme dirait Derrida, la part spectrale de l'image d'emblée interrogée par la "présence" de la mort...
il a ces rendez-vous médiés, la menace de la séparation, de l'autonomisation du non-vivant dans le Spectacle (Debord), le danger de l'image qui tue. mais la chance des images accueillantes, via la parole...
"speaking parts" décidément nécessaires. pour ne pas sombrer. dans la folie.
film absolument incontournable pour tout réalisateur-en-devenir...