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Parkko
162 abonnés
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3,5
Publiée le 11 février 2012
Étrange film qu'un film parlé. Film très bavard où le spectateur est pris tel un voyageur sur le chemin de l'Europe (de la méditerranée principalement), de son histoire, de ses langues. Voyage initiatique où la petite fille joue le rôle du spectateur qui s'interroge sur ce à quoi elle assiste. On peut être séduit face à ce film où histoire, légende et linguistique se mélange tout le temps, mais il est clair que certains n'y verront pas du tout l'intérêt. Pour ma part j'ai bien aimé, surtout la première partie, qui est comme un retour aux origines, un voyage à travers ces refuges du passé. La seconde partie, volontairement très bavarde, car accès sur la linguistique, m'a semblé, certes pertinente, mais moins intéressante et surtout semblait se rajouter comme un grand deux d'un réalisateur qui veut continuer sa dissertation avant de passer à sa conclusion finale.
Oeuvre de pure mise en scène, réalisée par un vétéran du cinéma, Un Film Parlé frappe par son audace constante dans l'écriture. Construit de manière exigeante et peu banale, l'objet filmique ne cesse d'impressionner par sa beauté plastique et son rythme douloureux. Trois parties forment l'ensemble de l'intrigue : un voyage entre une mère et sa fille, une discussion polyglotte autour d'une table et un acte terroriste fomenté hors champ. Si la linéarité du récit s'avère assez classique - chaque partie s'arrête là où commence la suivante - la durée inhérente aux différentes phases l'est beaucoup moins. Indissociables mais quasi indépendants, les trois tableaux forment une unité surprenante, sorte de mélange improbable entre fresque historique, drame intimiste et film à suspense. Un Film Parlé - dont le relief et les décors évoquent une certaine idée de la simplicité - provoquera plaisir ou déplaisir mais ne laissera personne indifférent. Manoel De Oliveira, chef de file du cinéma portugais, signe avec ce long métrage un chef d'oeuvre unique en son genre. Inoubliable.
C'est un film symbolique ou allégorique Prenant prétexte d'un voyage à Bombay par bateau, un(e) professeur d'histoire parcourt avec sa petite fille les grands sites qui ont façonné l'Europe : Marseille, Naples, Athènes, Istanbul, Le Caire. Le début est très didactique, pédagogique, comme un documentaire. La 2de partie se compose d'un dialogue entre le commandant du navire et trois grandes dames de la culture : une étant française, une italienne et une grecque. Dialogue très intelligent représentant des réflexion sur la civilisation européenne. La réalisation est très minimaliste, la caméra est statique mais n'enlève en rien à la qualité du film. La fin très symbolique montre le pessimisme de Oliveira.
Voilà l'originalité de ce film: être une oeuvre convenue sans les moyens d'un film conventionnel. Le vernis culturel classique et les préjugés y tiennent lieu de réflexions profondes sur notre civilisation, et marquent en permanence l'appartenance des personnages (et sans doute de l'auteur) à une certaine caste qui se voudrait garante du bon goût. Afin de démontrer la vanité de toutes choses en ce monde, l'auteur n'a en fait rien trouvé de mieux que de montrer la sienne. L'ennui distillé tout au long du film qui devrait nous rendre "réceptifs" au "feu d'artifice" final, nous laisse si blasés que celui-ci passe pour un aimable gag. La réputation sans ombre du cinéaste, ajoutée au circuit de production de l'oeuvre (festivals, subventions, réseaux art et essai), paralyse tout effort critique, appelle de la part des commentateurs un dithyrambe émaillé de références pompeuses, évitant ainsi à ceux là de regarder de près la matière. On l'aura compris, l'important dans la réception d'un film, n'est pas sa nature ou son contenu, mais d'où il vient et à qui il s'adresse.
Film au symbolisme peut-être un peu lourd mais tellement élégant et raffiné par ailleurs (les acteurs et la mise en scène) que l'équilibre est maintenu. La fascination opère : les scènes d'adieu et la proue du navire ont un côté hypnotisant, la scène du dîner est un moment d'intense plaisir, le dénouement arrive... L'enchantement est brutalement interrompu... Ca ne pouvait pas durer, c'est vrai, mais on a du mal à s'y résoudre. A bientôt j'espère, Manoel de Oliveira.