Drôle de réalisateur, d’acteur, que Zach Braff. Capable de faire rire comme d’émouvoir, l’homme derrière la série Scrubs possède aussi ses bons moments sur grand-écran. Garden State est sans conteste son œuvre le plus reconnue, film paradoxalement aussi drôle que dépressif. A ne pas s’y tromper, Garden State n’est pas une comédie à proprement parler mais bel et bien une complainte langoureuse sur le sens de la vie, sur la manière d’apprécier les joies et les peines de l’existence. Assez finaud dans sa démarche, Zach Braff, pas toujours très expressif à l’écran, semble adopter le ton léger de rigueur pour narrer les péripéties d’un fils rongé par le remords, sous cure incessante d’antidépresseurs et ayant fait sa vie loin du nid familial. Incompris, sans doute solitaire dans l’âme, le retour à la maison du dénommé Large verra sa vie basculer lorsqu’il fait la connaissance d’une jeune fille pleine de vivacité, pleine de vie, son exact contraire.
Si tout n’est pas toujours rose, certains préfèrent en rire alors que d’autres se noient dans la chimie pharmaceutique. Décidément, et ce même si rien n’est réellement passionnant dans le cas qui nous occupe, le comédien et metteur en scène semble très à l’aise pour disserter sur la philosophie, et ce sans jamais ennuyer. C’est tout à son honneur de pouvoir faire rire de profonds malheurs. Natalie Portman, dont l’apparition dans ce mélo comique fait suite à son incursion dans Star Wars, fait montre d’une formidable spontanéité, d’une toute belle candeur dans la peau d’une jeune femme un peu perdue que redonne goût à la vie à notre ami Large, essayant quant à lui de fuir son passé, dans la mesure du possible. Coté morale, Garden State est donc un film plus ou moins saisissant, plus ou moins simple, selon l’approche.
Coté mise en scène, là ou semble exceller le jeune artiste, le film est tout bonnement génial. Des plans décalés, une photographie léchée et surtout un sens du détail remarquables. Oui, quelques petits détails viennent en plus égayer le visionnage, comme par exemple ce diplôme de médecine accroché au plafonds, ces robinets automatiques qui s’enclenche au passage de l’usager, ce cimetière d’animaux, triste mais amusant, et j’en passe. Le film regorge de petites subtilités croustillantes, démontrant l’amour du metteur en scène pour un cinéma soigné, illustrant la capacité de Zach Braff à faire du décor un personnage de son récit. Superbe de ce coté-ci, techniquement, en somme, le film s’avère toutefois léger sous certains aspects, notamment au niveau des seconds rôles, souvent anecdotiques et inutiles.
Très beau film de Zach Braff qui pourtant ne décolle jamais réellement. Tout ça reste relativement plat et au final, rien n’est réellement mémorable. Si l’on passe un moment plutôt sympathique en compagnie de Large et Sam, rien n’est pourtant transcendant. Alors qu’un certain public s’attache à vouloir défendre Garden State comme un chef d’œuvre, revenons sur terre et admettons sans trop nous emballer que le film de Zach Braff est bon, ni plus ni moins. Reste maintenant à patienter pour le retour au cinéma de ce comédien, réalisateur, si particulier. 13/20