Alex Proyas avait démontré un don certain pour dépeindre des univers inquiétants, où le danger peut surgir de nulle part, avec ses précédents films, The Crow, et surtout Dark City. Il confirme ici ce don, par un travail de l'aspect aseptisé et du gigantisme de la ville assez réussi, et surtout par des choix esthétiques simples concernant la plastique des robots potentiellement dangereux. Ceux-ci sont d'un blanc immaculé, au visage innocent, neutre, comme figé par la cire. Ils sont à la fois inertes et terrifiants. Seule la couleur de leurs yeux ou de leu torse traduit d'éventuelles sensations ou sentiments. A travers cela, Proyas montre qu'il n'a pas complètement vendu son âme au diable, gardant une grande partie de son identité visuelle. Car I, Robot n'est pas seulement un blockbuster divertissant, genre auquel on s'attendait : c'est aussi une véritable fable dévoilant une intelligence de mise en scène et un don de conteur intact. De plus, il a le mérite de proposer quelque chose de très intéressant, traitant du thème du libre arbitre. Jusqu'où les robots, censés être programmés pour obéir aux ordres des hommes, peuvent-il penser ? Imaginer ? Agir selon leur propre instinct ? Le film reprend l'essentiel des thématiques du grande Blade Runner, à travers ses questions existentielles. Questions qui pourraient bien être d'actualité dans un futur proche. C'est aussi ce en quoi le film est intéressant : il montre un futur terriblement réaliste qui pourrait réellement arriver. L'homme est toujours prêt à créer quelque chose de nouveau et à en faire quelque chose de quotidien avec le temps. A travers cet avenir, Proyas dénonce la société d'aujourd'hui, qui est sans cesse prêt à acheter le dernier article à la mode, sans le moindre recul. Proyas garde donc ces films qui misent plus sur la réflexion que l'action en ligne de mire et, à l'image des ces prédécesseurs, d'attaquer I,robot sous l'angle de l'émotion. Émotion synthétisée par un vibrant Sonny en image de synthèse, aussi convainquant qu'un Gollum dans Le Seigneur des anneaux, et qui arrive à toucher le spectateur au travers de scènes clefs qui laissaient présager de ce qu'était le scénario. I, Robot aurait pu être un très grand film mais il est malheureusement un peu tâché par quelques scènes beaucoup trop hollywoodiennes, à commencer par le personnage de Shia LaBoeuf, terriblement inutile dans le film qui ne lui apporte que 10 minutes de plus. Les scènes d'actions, bien qu'impressionnantes, sont quasiment toutes incohérentes, modulés dans les effets numériques, qui nous font perdre le fil du film. En dehors, de cela, I, Robot nous prouve que Proyas n'a pas perdu de son talent, qu'il est capable de créer quelque chose de très intéressant derrière un film qui paraissait pur blockbuster hollywoodien, et pourtant, on en est très loin.