Souvent discret dans la réalisation de ses œuvres, Alex Proyas connaît une popularité ascendante à la fin des années 90 notamment avec « The Crow » et « Dark City », deux réalisations globalement appréciés par la critique. Fort de cette popularité, le réalisateur Australien se voit même confier son premier blockbuster : le projet « I, Robot », une réalisation inspiré d'un classique littéraire de Science-Fiction d'Isaac Asimov.
Nous sommes en 2035, et à l'heure où les robots sont devenus de parfaits assistants pour les êtres humains, le docteur Alfred Lanning, célèbre chercheur en robotique est retrouvé mort dans les locaux de la compagnie mère. Si la thèse du suicide semble privilégier, le détective Spooner lui est persuadé qu'un robot est responsable de cette mort. Une thèse qui semble pourtant impossible si l'on s'en réfère aux lois de la robotique. Une enquête commence.
Ici, avec « I, Robot », Alex Proyas à tout d'abord le mérite de nous livrer une œuvre intrigante et parfois surprenante à défaut pourtant d'être quelques fois prévisible. Mais surtout, le récit qu'il nous propose ne tombe jamais dans l'ennui, l’enquête trouve un bon rythme et en devient même haletante. Riche en bonnes idées (néanmoins pas suffisamment développé), certains reprocheront tout de même au réalisateur son parti pris de ne garder d'Asimov que le principe des 3 lois de la robotique, et de ramener ses différentes intrigues en une seule histoire : celle de l’enquête. Pour ma part, n'ayant pas lu les romans de l'écrivain Russe, le scénario proposé à l'écran par Alex Proyas et son équipe me paraît tout à fait acceptable.
Graphiquement, c'est également assez irréprochable, surtout concernant le travail effectué sur le robot Sonny, qui fait preuve d'un design incroyablement réaliste. D'ailleurs, quand arrive l'adjonction d'un semblant de sentiments ou de sensations à Sonny, le robot devient un personnage à part entière du récit, à la fois réel et fictif. C'est d'autant plus remarquable, que le choix esthétique des robots se veux très simpliste : visage blanc, couleur du neutre et de l'innocence, on en oublierait presque qu'ils représentent une menace potentielle à l'humanité.
Pourtant, malgré le quasi sans faute apparent, « I, Robot » n'est pas sans défauts, à commencer par son final souvent massacré par une surenchère de scènes d'actions et autres actes héroïques souvent inutile. Une surenchère d'autant plus surprenante qu'elle était absente jusqu'à cette mise en place du dénouement, et qui nous laisse donc surtout un sentiment d'amertume, comme la forte impression d'une réalisation final très impersonnel de la part d'Alex Proyas. Car avouons le, n'importe quel réalisateurs disposant d'un budget de 120 millions de dollars aurait pu produire ce résultat... Un dénouement finalement classique, moins approfondie qu'il aurait dû l'être - dommage. Autres erreurs de goût dans cette réalisation et qui m'a le plus agacé encore, c'est l'omniprésence des clins d’œils marketing (Converse, Audi, JVC...) un ensemble de marque trop tape à l’œil qui ne justifie en rien leurs présences dans ce genre de réalisation ! Mr Proyas, là aussi vous nous avez habitué à mieux. Enfin, une ambiance un peu plus malsaine dans les rues de Chicago, façon Robocop des années 90, aurait été peut-être plus intéressante encore surtout dans le contexte de l'invasion finale. Ici le monde futuriste proposé nous semble trop clean, trop propre, trop parfait.
Coté casting, la grosse surprise vient de Will Smith lui même, qui incarne un Spooner en total rupture avec le monde futuriste de demain. Il est le seul à se méfier des robots, il vit dans un petit appartement en rien moderne et mange encore tout les jours chez sa grand-mère, tel un héros de film d’antan, ici en manque de repaire. Avec un mauvais esprit assumé et un humour abusé qu'il maîtrise parfaitement aujourd'hui, Will Smith donne donc une dimension très intéressante à son personnage. Mis à part, rien de très fracassant, Bridget Moynahan (la psychologue Susan Calvin) nous a habitué à mieux, même s'il faut reconnaître que son rôle est plutôt minime à côté de l’enquête et enfin Chi McBride (le lieutenant Bergin qui suit les activités de Spooner à distance), est agaçant au plus haut point et surtout n’apporte rien.
Finalement, « I, Robot » est un blockbuster honorable, bon divertissement avant tout, et s'il n'est pas sans défauts, rappelons tout de même qu'ils sont plutôt bien dissimulés par de nombreux effets spéciaux et surtout par l'incroyable dynamisme du récit. Enfin, coup de chapeau à Mr Patrick Tatopoulos pour le design réalisé sur le robot Sonny, et au jeu d'acteur de Will Smith, tout deux apportent une plus valus certaine à la réalisation.