Derniers Avis sur Eleni

J'ai découvert ce film lors de sa mise à disposition par la plate-forme de SVOD Mubi (durant 30 jours, selon le modèle si singulier de ce diffuseur de contenus).

Je suis surpris, en fait, d'être parvenu à le regarder en entier. Sans doute est-ce du à la beauté hypnotique des acteurs principaux, ou d'un espoir permanent, au fond, que le réalisateur finisse par accoucher de son propos.

Car de propos, je n'en ai pas réellement distingué. Seule la toute fin du film fait apparaître un début de dénonciation de la guerre civile, de la guerre tout court d'ailleurs, mais dont le spectateur n'a que trop de peine à faire sienne.

Les défauts de ce film sont en cela impardonnable qu'ils sont, en fait, structurels. J'en ai distingué trois, d'importance majeure :

- le scénario ne porte, au fond, aucun projet. Comme je l'ai déjà évoqué plus haut, aucun propos réel n'est porté par le récit. Le spectateur est condamné à attendre que l’œuvre qui se déploie devant lui dévoile une quelconque pertinence, qui peine à se faire jour.

- l’œuvre du réalisateur, ensuite, aspire à se faire tragédie, mais sans s'en donner le moindre moyen. Comme si l'ambition du film n'était, au fond, pas assumée. Peut-être rétif aux astuces du cinéma de notre temps, le réalisateur renonce à créer l'empathie, l'émotion facile. Mais ce renoncement, sans doute louable, entre en contradiction avec un autre choix du réalisateur : celui d'emprunter très largement aux codes ultra-traditionnels de la lamentation. Il en résulte une œuvre particulièrement larmoyante... mais qui laisse le spectateur de marbre. Un vrai coup maître !

- le temps et le rythme, enfin, sont très mal gérés, tout au long du film. Il est peu dire que l'ensemble manque de dynamisme, mais ce n'est pas, en soi, un problème. Ce qui en est un, en revanche, c'est le sentiment que tous les passages réellement pertinents, créateurs d'empathie notamment, et propres à poser un peu le contexte, sont, eux, passés en vitesse accéléré.

Long et ennuyeux, bref un film très mauvais.

Un rythme lent pour un film long...
J'ai vu Eleni récemment avec toute la bonne volonté que l'on peut imaginer... film grec (assez rare dans ma pauvre petite ville provinciale), une histoire qui avait tout pour être intéressante : le parcours tragique de cette Eleni pendant les déboires politiques de la Grèce des années 20 jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, etc...
Je rentrais chez moi quelques trois heures plus tard, profondément déçu. Théo Angelopoulos, le réalisateur, a choisi de construire son film de manière très lente. Très, très lente. La superbe photographie aux teintes tristes et noires, ainsi que la musique traditionelle grecque impregnée d'une nostalgie poétique très prenante, accompagnent le destin de cette femme et nous fait oublier la lourdeur rythmique du film pendant toute la première moitié du film... Il y a ce bal surréaliste où les personnages semblent reprendre le souffle pour affronter leur tragédie, il y a ce village noyé où les hommes quittent leur terre et leurs biens dans le silence et le recueillement...
Le problème, c'est après. Notre Eleni (jouée par une actrice pas très convaincante à mon goût...) en est à son énième crise de larmes, tandis que l'action s'étire et stagne, un peu à l'image de toute cette terre transformée en boue par les larmes du ciel grec. Et Eleni pleure encore pendant que tout s'affaisse autour d'elle... La musique disparaît, l'image devient complètement lassante, on commence à se retourner sur son siège toutes les deux minutes et Eleni ne cesse de pleurer pendant une heure et demie. Deux ou trois drames plus loin, c'est enfin la fin. Et Eleni hurle.
S'il avait stoppé son film à la fin de la première partie, Angelopoulos aurait pu donner naissance à un grand film. Avec sa deuxième partie un peu égoiste, lourde et ennuyeuse, il n'a montré à mon avis qu'un film décevant. Et c'est dommage.

Ce film est magnifique, quelles images, quelle musique à en pleurer. Eleni est formidable, ainsi que tous les acteurs. Bien-sûr, il faut connaître un peu l'histoire grecque entre 1918 et 1949. Elle est évoquée très allusivement en toile de fond. La fin est peut-être un peu longue pour nous, mais cette période fut tragique pour les grecs et je comprends que Theo Angelopoulos ait voulu insister. Lorsque j'ai vu ce film la première fois le 18 juillet, j'avais le coeur si gros que j'en suis sorti quasiment en pleurant apres les 2h50 de projection (mes dernières larmes étaient pour Nos Meilleures Années), et cela sans lien avec la douleur de la mère dans la scène finale. Je suis retourné voir ce film le 27 Juillet et j'en suis ressorti ausi ému et convaincu. Enfin un grand film pour cette année 2004. Cela nous change de l'escroquerie qu'est la Palme d'Or 2004 !