J'ai découvert ce film lors de sa mise à disposition par la plate-forme de SVOD Mubi (durant 30 jours, selon le modèle si singulier de ce diffuseur de contenus).
Je suis surpris, en fait, d'être parvenu à le regarder en entier. Sans doute est-ce du à la beauté hypnotique des acteurs principaux, ou d'un espoir permanent, au fond, que le réalisateur finisse par accoucher de son propos.
Car de propos, je n'en ai pas réellement distingué. Seule la toute fin du film fait apparaître un début de dénonciation de la guerre civile, de la guerre tout court d'ailleurs, mais dont le spectateur n'a que trop de peine à faire sienne.
Les défauts de ce film sont en cela impardonnable qu'ils sont, en fait, structurels. J'en ai distingué trois, d'importance majeure :
- le scénario ne porte, au fond, aucun projet. Comme je l'ai déjà évoqué plus haut, aucun propos réel n'est porté par le récit. Le spectateur est condamné à attendre que l’œuvre qui se déploie devant lui dévoile une quelconque pertinence, qui peine à se faire jour.
- l’œuvre du réalisateur, ensuite, aspire à se faire tragédie, mais sans s'en donner le moindre moyen. Comme si l'ambition du film n'était, au fond, pas assumée. Peut-être rétif aux astuces du cinéma de notre temps, le réalisateur renonce à créer l'empathie, l'émotion facile. Mais ce renoncement, sans doute louable, entre en contradiction avec un autre choix du réalisateur : celui d'emprunter très largement aux codes ultra-traditionnels de la lamentation. Il en résulte une œuvre particulièrement larmoyante... mais qui laisse le spectateur de marbre. Un vrai coup maître !
- le temps et le rythme, enfin, sont très mal gérés, tout au long du film. Il est peu dire que l'ensemble manque de dynamisme, mais ce n'est pas, en soi, un problème. Ce qui en est un, en revanche, c'est le sentiment que tous les passages réellement pertinents, créateurs d'empathie notamment, et propres à poser un peu le contexte, sont, eux, passés en vitesse accéléré.