Film qui vous prend à la gorge dès les premières minutes, et ne vous lâche plus jusqu’à la fin. Cela se passe à une époque pas si lointaine, où on enfermait des filles, souvent d’origine modeste dans un couvent, pour un oui ou un non, et ce couvent n’a rien à envier à un pénitencier, sans jeu de mots foireux.
Casting formidable, chacune des filles à une vrai gueule, assorti au caractère, cela donne une galerie de portraits assez pittoresque, (la brune rebelle aux grands yeux ravageurs, là c’est le garçon qui parle, la blonde pieuse toute prête à accepter son sort, la simplette un peu Marie-couche-toi-là), chacune psychologiquement bien plantée dans le décor. Les humiliations et mauvais traitements, au lieu d’en faire juste des innocentes victimes, révèlent le fond de perversité de l’une ou la capacité endurer et accepter de l’autre. Bonne option de Mullan,pas de manichéisme inutile, le film gagne en profondeur et intérêt. Plus ça avance, plus on voit l’une se changer en roc, l’autre en roseau. Jeu d’actrices et répliques qui font mouche, criant de vérité. Cela à l’air vrai sûrement parce que c’est vrai. Aucune ne sortira indemne de cette bataille psychologique, et physique, à laquelle elles n’étaient pas préparés. La caméra est toujours bien placée, cadre sobre, sans détails inutiles, scène après scène, sans jamais tomber dans le voyeurisme facile. Même si on déteste la mère supérieure, il n’y a pas d’anticléricalisme primaire, seulement un œil qui regarde et nous montre une institution pourri par l’hypocrisie, et corrompue jusqu’à la moelle, qui ne sert plus qu’à broyer des gens au nom de l’usage, ou du dogme religieux.
Il y a des moments étonnants et inattendus ou le rire l’emporte, mais un rire jaune, car la réalité est bien là, comment sortir d’une geôle où ta propre famille t’a enfermée ? Voilà, le réel sans fard comme aime à le montrer le cinéma britannique.
Si vous êtes athée, voilà un film qui vous donne de bonnes raisons de la rester, sinon vous avez beaucoup de mérite.
Lion d’or à Venise, je ne comprends pas toujours leurs choix, mais là c’est amplement mérité. Enjoy!