Kinjite est un film de la fin de carrière de Bronson, traitant d’un sujet rare et grave, mais qui le fait de manière peu convaincante.
D’abord l’interprétation pose problème. Elle est emmenée par un Bronson vieillissant certes, mais alors pas du tout concerné. Il nous ressort une énième interprétation de justicier semblant complètement blasé, et apathique. Il se traine sans conviction, faisant son petit numéro musclé, mais il n’y a pas de vie, pas de dynamisme, pas d’entrain, ce qui forcément plombe assez vite Kinjite. A ses cotés c’est assez moyen là encore, avec des acteurs qui sont loin d’être tous mauvais, mais alors avec des personnages pathétiques. Il y a un total manque de subtilité, avec un manichéisme à couper au couteau, et des caricatures à la pelle. Ils sont tous tellement engoncés dans des costumes ultra-étroits, qu’en fait ils ne peuvent rien faire en termes de jeu d’acteur. Le méchant doit surjouer le méchant, la victime doit surjouer la victime, la jeune fille blonde doit surjouer l’innocente inconsciente de ses attraits… bref c’est une galerie de lieux communs.
Le scénario est lui aussi dans la panique. Avec un tel sujet, il y avait de quoi développer quelque chose de super, à la fois original et profond. Pourtant non. Kinjite vire très vite au polar urbain musclé comme sait bien le faire Bronson. Ca bastonne, il y a des explosions, une ou deux scènes de nudité, et plein de gros moments d’une finesse hippopotamesque lorsque Bronson jette un regard sur la société qui l’entoure. Certes c’est rythmé (quoique il y a des coups de mou appuyés par moment), mais quel gloubi-boulga de caricatures là encore, d’idées toutes faites, et au final de superficialité, car c’est là le gros problème.
Sur la forme, Kinjite n’est pas top. Thompson livre une mise en scène convenable, même s’il est loin de ses meilleurs films. Il se contente de suivre l’action sans trop se fatiguer, en assurant juste le minimum. Visuellement la photographie n’en jette pas du tout, avec beaucoup de séquences nocturnes qui n’ont vraiment pas grand-chose d’intéressant. Les décors pour leur part sont faibles, limités à des lieux sans relief particulier. Niveau scènes d’action je dirai que seule la cascade finale sur une grue vaut vraiment le coup, car pour le reste les bagarres ne valent pas un kopeck. A 67 ans Bronson n’est plus du tout efficace. La bande son est assez mauvaise, sauf un passage dans la piscine, avec une musique année 80 fort plaisante.
Trop juste sur la forme, vraiment pas terrible du tout sur le fond, emmené par un Bronson peu engagé, Kinjite est au final une série B très secondaire. Ayant de bonnes intentions, le résultat n’est malheureusement pas convaincant. Je donne 1 pour l’audace du sujet qui doit être salué, et quelques éléments à sauver de ci de là, mais enfin c’est faible.