Peut-être connaissez-vous - vous connaissez sans doute, si vous aimez la peinture - l'autoportrait de Géricault.
Cet autoportrait a une particularité à nulle autre pareille, c'est que si vous le regardez, vous ne verrez pas le visage d'un homme, mais celui d'un cheval. Non que Géricault ait été un cheval - ou alors dans une autre vie, ce qui est possible après tout - ou qu'un cheval ait peint ce tableau, non. Si ce tableau est nommé avec beaucoup de respect 'Autoportrait', c'est dû uniquement à l'intensité que Géricault a mis dans le regard de ce cheval, au point que le spectateur a l'impression d'y voir l'âme du peintre.
C'est à celà que je pensais hier soir en découvrant ce film d'Emilie Deleuze, où le cheval tient le rôle principal. Plus que que le cheval, d'ailleurs, il faudrait dire le regard de Mister V. ; un regard fort, un regard supérieur, un regard rouge parfois (de colère ?), un regard bouleversant. Car toute l'histoire tourne autour de ce regard et du mystère qu'il véhicule. D'où vient-il ? Qui est-il ? Que veut-il ? Que pense-t-il ? Ce personnage fascine autour de lui, suscitant attraction ou répulsion ; probablement un être humain.
Sauf que : ce personnage ne joue pas, ce n'est pas un acteur, puisque c'est un cheval ! Et pourtant, son oeil est là, implacable, qui domine le film. Fantastique. Manipulateur, il dicte les conduites des uns et des autres, pour tenter de conquérir sa liberté. Le cheval aurait-il donc une âme ? Question qui a traversé les millénaires, jusqu'à en faire un ami dans l'imaginaire populaire.
Emilie Deleuze nous dit que oui. En fait-elle pour autant un ami ? Chacun en jugera.
Une chose est sûre cependant : il garde tous ses mystères.