La réussite flamboyante de ce Dracula reste avant toute chose, comme dans la majorité des films, une réussite collective, le savoir-faire de John Badham en matière d’efficacité étant prolongé par des artistes qui confèrent au long métrage son âme et son atmosphère si particulière. D’abord, Gilbert Taylor (The Omen en 1976, Star Wars en 1977) signe une photographie somptueuse, forte de partis pris de cadrage et de composition des plans symboliques et gothiques : pensons notamment à ce dîner aux chandelles au cours duquel le comte comme son invitée apparaissent parmi quantité de bougies, en arrière-plan, ou à la nuit d’amour qui suit, séquence psychédélique où l’érotisme se teinte de macabre. Julie Harris, qui avait travaillé auparavant sur Casino Royale (John Huston, 1967), The Private Life of Sherlock Holmes (Billy Wilder, 1970) ou encore Rollerball (Norman Jewison, 1975), crée des costumes qui ressuscitent l’héritage de la Hammer et iconisent celles et ceux qui les portent, leur octroyant une authenticité et un potentiel de séduction certain. La partition que compose John Williams, qui compte parmi ses meilleures – il y en a beaucoup, certes –, apporte à l’ensemble la noblesse d’un orchestre symphonique, forte d’un thème emblématique qui se déclinera selon les situations. Elle participe pleinement de son dynamisme interne, apporte une ampleur et une gravité bienvenues, dans la tradition des grandes partitions de l’âge d’or hollywoodien. De très bons acteurs, dont un Frank Langella inattendu qui insuffle à son personnage une humanité et un charme, achèvent de faire de ce Dracula 1979 une excellente adaptation du roman de même nom, adaptation fidèle mais dotée de scènes visuellement impressionnantes qui continuent de nous hanter après visionnage – la descente inversée du vampire agrippé au mur du château, son arrivée au cimetière, l’ouverture et la clausule maritimes.