Blood Diner est visiblement un film peu connu, mais c’est pourtant un métrage sympathique, des années 80.
Le casting est presque entièrement inconnu, et n’a quasiment joué que dans ce film. Il n’y a même pas une guest-star caché par là, donc autant dire que ca peut faire peur ! Pourtant les acteurs sont plutôt efficaces. Non pas qu’ils jouent franchement bien, mais ils ne se prennent globalement pas trop au sérieux, et s’amusent à donner un léger surjeu caricatural à des personnages pour certains hautement gratinés ! Le duo principal est composé de Rick Burks et Carl Crew, qui s’avèrent sympa, mais ce sont les seconds rôles qui emportent le morceau, entre un catcheur déguisé en Hitler, une femme nue ninja et autres joyeusetés ! C’est haut en couleur de ce point de vue, et à l’image de bien des films du genre, notamment ceux de la firme Troma, le jeu approximatif des interprètes est compensé par des personnages mémorables.
Le scénario réserve de bonnes choses, en jouant la carte du burlesque et du grand-guignol. On est dans une comédie horrifique typique des années 80, comparable à des films comme Braindead par exemple. Il y a pas mal de gags, c’est souvent drôle, les idées audacieuses ne manquent pas, pour autant il a aussi des défauts. Le rythme tend parfois à lasser un peu, jouant aux montagnes russes, le film mélange beaucoup de chose avec une aisance discutable, et se disperse trop souvent. On sent que le concept s’essouffle assez vite, et malgré sa durée courte (1 heure 20), il faut remplir avec d’autres éléments qui ne s’imbriquent pas forcément bien dans le métrage. La fin est sympathique mais un poil timoré quand même. D’ailleurs c’est là aussi un autre souci de Blood Diner, sa gradation est à l’envers, avec une des scènes violentes les meilleures qui ouvre le bal, et une dernière partie nettement plus pauvre.
La mise en scène est passable mais sans plus. En fait la réalisatrice propose une réalisation très artisanale, qui n’atteint clairement pas le niveau de ses rivaux de l’époque. C’est raide, souvent plan-plan, et sans aucune recherche esthétique ou artistique particulière. Tout est attendu. La photographie et les décors relèvent du même sentiment, en s’avérant passables aussi, mais sans plus. Il n’y a pas une vraie bonne ambiance qui se dégage de l’ensemble, et c’est relativement gênant. Alors en revanche Blood Diner propose des effets horrifiques très agréables. C’est du pur fait main, mais ca passe bien, car c’est très excessif et visiblement humoristique. Ca ne fait pas peur, mais je déconseille le métrage à un trop jeune public qui pourrait être impressionné par certaines scènes (femme coupée en deux par exemple). A noter aussi quelques scènes de nudité qui agrémente le tout, une actrice en particulier se désapant lors d’un des passages mémorables du film. Enfin la bande son est elle aussi bien décalée. Elle mélange beaucoup d’influence, jusqu’au classique qui s’exprime dans l’épilogue. C’est un bon point de manière générale.
Pour conclure sur Blood Diner je dirai que c’est un film sympathique et généreux. Il n’est pas très bien fait, c’est certain, et il sent le semi-amateurisme, c’est clair, il a aussi pris du plomb, indéniablement, mais il ne se moque pas du spectateur. Il fait de son mieux, et il dégage une franche sincérité, en jouant de surcroit sur l’originalité et le mélange de genres, terrain sur lequel il ne se débrouille finalement pas si mal. Je me suis bien amusé pour ma part, et je lui accorde un 3.5, car s’il n’a pas non plus un énorme défaut qui fait tache, il n’a pas non plus une immense qualité qui le place dans le gratin du genre.