Le problème est toujours le même dans la cinématographie de Patrice Leconte, hormis deux ou trois cas comme L'Homme du train (2002) ou Confidences trop intimes (2004), deux réussites de ce que l'on appelle cinéma d'auteur, dont celui-ci aimerait aussi faire partie. Oui, mais Monsieur Hire est avant tout une oeuvre de forme. Et sans âme, il n'est pas grand chose. Tout d'abord, le film possède un argument de taille. Son scénario, entre-autre, constitue le socle de ce dernier, très pertinent. Cependant, alors que cette idée de peindre un homme équivoque dans notre société actuelle était très louable, il en manque ici le traitement. En effet, l'idée était très belle sur le papier. Mais sur le support, elle n'est qu'esthétique, dénué de toute dissection psychologique de ses personnages. Dès lors, ils ne sont que papiers, incapables de trouver leurs complexités. Pourtant, Michel Blanc y est irréprochable, interprétant son rôle avec conviction et talent, alors que la pauvre Sandrine Bonnaire peine à trouver le ton de son personnage caricatural de pauvre femme sans scrupule dont le terrible secret est à l'origine de l'histoire. Le problème ? Tout est téléphoné, prévisible en toute circonstance. Mais le plus embarrassant étant que le film ne trouvera jamais ce qu'il cherche tant : l'ambiguïté. Et au final, ce qui est un peu navrant, c'est que ce Monsieur Hire est aussi explicite qu'une publicité pour une marque de yaourt. Comment donc alors trouver un intérêt à cette histoire aussi convenue que déjà-vu ? A la limite donc d'être un téléfilm pour une chaîne publique pour divertir des cerveaux ne cherchant jamais la difficulté, son film est un long-métrage facile, dont le sophistiquation et le ton faussement péssimiste ramène le cinéaste à un rang d'industriel, cherchant à se démarquer de ses productions onéreuses pour en promouvoir l'idée que monsieur n'aura pas réaliser que des films pour enrichir ses producteurs. Prétentieux mais décevant.