Tout comme le pense l’internaute cinéphile Alexarod, je suis assez surpris par le grand nombre d’avis négatifs, voire très négatifs, concernant "Cocktail". D’accord il a un peu vieilli, mais n’oublions pas qu’il date de 1988. En une trentaine d’années, le cinéma a bien changé, c’est vrai. Mais "Cocktail" fleure bon les années 80, décennie très productive en films frais et légers. Le scénario n’est pas tarabiscoté, surfant sur une nouvelle histoire sentimentale, très en vogue à cette époque. Malgré son ancienneté, "Cocktail" reste un sujet d’actualité, puisqu’il met en scène un jeune loup qui veut faire fortune. Pour cela, il essaie d’intégrer le monde de la finance, mais le fait est qu’on ne s’invite pas comme ça dans ce milieu sans bagage. On a beau être jeune, beau et ambitieux, la redescente sur terre ne tarde pas à se manifester, et finit par entrer dans un bar où on cherche un barman afin de financer des études nécessaires à la réalisation de ses projets. Barman : un métier qui se révèlera un job rêvé pour se mettre sur le devant de la scène, à condition de devenir un funambule de la bouteille et le roi du shaker ; un métier qui fait chavirer les cœurs au même titre que celui de DJ. Soyons honnêtes : il y a fort à parier que vous serez plus attirés par un bar où il y a de l’ambiance, avec en prime des barmen qui savent faire le spectacle en jonglant avec les bouteilles pour vous concocter des mixtures que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Alors certes, le sujet n’a rien d’exceptionnel, mais "Cocktail" est, comme je le disais plus haut, frais, léger, et pas prise de tête puisqu’il ne demande pas à réfléchir, en présentant un métier qui fait faire les yeux doux aux noctambules, et qui attire la convoitise des cœurs célibataires. Ah ! le monde des paillettes… car bien sûr, il y a une romance. Pardon : je corrige, "des" romances. Bon finalement non, "une" romance, les autres n’en étant pas puisqu’elles sont influencées par la renommée, le pouvoir, et la pluie de billets verts. Une romance qui sera la seule à ne pas avoir été provoquée, étant trouvée incidemment et dans la plus grande simplicité. A trop chercher l’amour, il vous fuit, mais il vient à vous lorsque vous ne le cherchez plus, quand vous ne vous y attendez plus, l’amour étant un sentiment qui ne se fabrique pas sur commande. Pour autant, il y a de quoi perdre la tête et le sens des réalités dans le monde très spécial de la nuit. C’est aussi ce qui est traité ici, et on peut prendre "Cocktail" comme une mise en garde. Car ça ne suffit pas d’être jeune et beau gosse, armé d’un sourire ravageur. Il faut garder les pieds sur terre, et après les grands succès de "Top Gun", "Outsiders", "La couleur de l’argent" et de "Rain man", Tom Cruise semblait être le comédien idéal pour incarner ce jeune homme en quête de réussite éclatante. Certes il fait ce qu'il savait faire à l'époque, mais on doit lui reconnaître tout de même qu’il s’est donné les moyens de réussir ce rôle puisqu’il a pris des cours pour apprendre à manier les bouteilles. Cependant ma préférence se tourne vers l’excellent Bryan Brown, très charismatique en homme pour qui la picole n’a aucun secret. Il amène à la fois de la sagesse et de la folie, par le biais d’une superbe composition, si savoureuse qu’il traverse littéralement l’écran, volant ainsi la vedette à Tom Cruise. Elisabeth Shue vient suppléer le duo de façon convaincante, et exprime plutôt bien les divers sentiments qui animent son personnage. Quant au reste du casting, on va dire qu’il rentre dans le rang. Roger Donaldson signe une réalisation efficace, sans être non plus exceptionnelle, mais qui a le mérite d’être balancée par une bande originale comportant quelques tubes ("Don’t worry, be happy" de Bobby McFerrin, "Kokomo" des Beach Boys, ou encore "Tutti Frutti" de Little Richard). La photographie est par moments intéressante, et avec un sujet qui reste plus ou moins d’actualité, "Cocktail" reste assez agréable à regarder, à condition de le voir avec un œil de l’époque. En tout cas, ce n’est pas la petite erreur qui s’est glissée dès les premières minutes de film qui me fera changer d’avis (on voit le jeune Flanagan monter dans le bus avec son sac à la main, et le récupérer dans la soute à l’arrivée du bus).