Plusieurs angles de lecture sont possibles pour ce film incroyable. Le film d'aventure d'abord, toujours moderne par ses idées de mise en scène. Celui qui me touche particulièrement c'est celui de la construction d'un mythe, celui de l'homme, de l'humain, derrière une légende montée de toutes pièces. En cela, Peter O'Toole, chétif Anglais blanc comme neige est un choix parfait pour interpréter Lawrence. Il tient le rôle à bout de bras, magnifiquement. Face aux géants Alec Guiness et Anthony Quinn, il intrigue, met parfois mal à l'aise, mais passionne avant tout. Omar Sharif, pour son premier rôle hollywoodien, brûle la pellicule. Et il y a aussi le désert, personnage essentiel, à par entière du film, que David Lean prend la peine de filmer comme tel. Lever de soleil à peine accéléré, arrivée d'un cavalier en temps réel, le réalisateur prend son temps, contemple et donne à voir ce paysage incroyable, fou, beau et terrible. L'introduction du film - écran noir et musique de Maurice Jarre pendant 5-10 minutes - place le ton : Lean nous montre un grand film et il le sait. Tourné dans des conditions dantesques, par plus de 50° parfois, Lawrence d'Arabie est un monument de cinéma, de modernité, de philosophie, d'histoire. Vu assez jeune, je l'ai redécouvert vers mes 23-24 ans. Il ne se passe pas un mois sans que j'y repense, je suis fasciné et hypnotisé.