Il paraissait évident, à la sortie des Griffes de la nuit, qu'une suite serait mise en chantier, autant par sa conclusion ouverte que pour son succès retentissant. On ne pouvait cependant pas s'attendre ce que Jack Sholder nous sortirait avec La Revanche de Freddy, sorte d'immense pied de nez au travail de Wes Craven. C'est à se questionner sur la volonté de faire une véritable suite, à peine amenée par quelques références à l'héroïne du premier film, quand l'oeuvre se poste plus du côté du reboot inavoué.
Le traitement du personnage de Freddy est la première césure avec l'univers originel : il ne tue plus pendant les rêves, et, si l'on pousse l'analyse plus loin, ne tue plus du tout. Tout est imagé, symbolique : il ne s'agit plus de suivre un psycho-killer en quête de vengeance; La Revanche de Freddy s'axe autour de la remise en question d'un jeune adolescent en plein doute sur sa sexualité, nous laisse suivre son cheminement intérieur, proche de la schizophrénie, et porteur de nombreuses scènes nanardesques.
Le meurtre sous la douche, hautement décrié, est moins grotesque du fait de son contexte qu'à cause de la mise en scène datée de Sholder; rigide, surjoué, le passage ne parvient jamais à être un soupçon d'effrayant, larguant au spectateur un divertissement ridicule à la hauteur des attentes des amateurs de mauvais films comiques; l'on pourrait même l'incruster dans un classement des scènes horrifiques ratées, passées involontairement de l'effroi au comique.
C'est surtout sa forme qui le gâche; si ce n'est pour la scène finale, massacre de jeunes qui fait plus penser à du Vendredi 13 qu'à Freddy (dans le bon sens du terme), le reste, très mollasson, ne nous gratifie pas d'assez de plans travaillés pour intéresser. Pire que cela, il enferme son écriture intéressante (mais hors-sujet) dans une mise en forme affreusement banale, vieillissante, sans grande personnalité; il va même jusqu'à rater ce qui faisait la grande originalité de l'original, les passages du monde réel à l'imaginaire des cauchemars.
C'est aussi par faute d'un montage bordélique, qui ne sait comment donner du rythme à des scènes sans personnalité, que la passerelle, pourtant très attendue, n'atteint pas le quart de ce que pouvait réussir l'original. Et si le maquillage de Freddy, entièrement retravaillé, offrira un nouveau souffle au personnage, le rendant moins kitsch, la perte du cynisme et de l'humour noir se fait atrocement ressentir, Freddy étant remplacé, pour ses meurtres, par le protagoniste de l'intrigue, peu charismatique et sans grande expression faciale.
Alors on suit sans être vraiment intéressé, et l'on se dit rapidement que si la démarche était intéressante, qu'il est rare de voir des films avec une vision d'auteur donnant suite à un grand succès de l'horreur, sa forme datée, ses erreurs kitschs et son hors-sujet total, tant il n'arrive pas à mêler son propos avec l'intelligence de l'horreur du premier film, le rendent peu appréciable, décevant et en font un potentiel gâché.
C'est dommage, la fin était réussie.