Il existe trois types de films romancés: le film glycémique, a la Love Actually, a base de grosses musiques et grosses scènes, et qui vous fout la pêche, le mélodrame, lui qui n’existe que pour vous faire pleurer, et le troisième genre, qui choisit en règle générale un traitement plus sobre. N’oublie jamais appartient a la deuxième catégorie, et a l’instar du récent La Rafle, il pallie ses très nombreux défauts a la volonté de faire pleurer le spectateur. Et encore a l’instar de La Rafle, sa tentative de matraquage du spectateur d’émotion a la limite du soutenable échoue, la faute justement a une absence totale d’âme. En effet, a trop vouloir multiplier les poncifs du mélo, Nick Cassavetes en fait un film totalement creux, et oublie de développer… quelque chose. Car rien n’est creusé dans ce film, tout est fait pour émouvoir avec une mécanique quasi-robotique: l’ambiance pseudo-rétro kitch totalement bidon, les scènes sous la pluie, les disputes. Sauf que même pour ca, Cassavetes s’y prend mal. Son couple, bien que servi par de bons acteurs, n’est jamais véritablement en osmose, et aucune scène ne réussit justement à les rapprocher, ni leur première nuit d’amour, ni la fameuse scène sous la pluie qui, on ne le sait comment, a réussi a être vide de toute émotion. Et les codes caricaturaux se multiplient, sans que rien ne réussisse jamais a nous émouvoir, Cassavetes étant tout bonnement incapable de dramatiser quoi que ce soit. Ainsi, rien que dans son scénario, N’oublie Jamais enchainait les cliches, mais avait au moins la possibilité d’émouvoir, mais mis en scène, le film ne parvient qu’a la première chose. Une énorme déception, surtout venant d’un sensible facilement ému comme moi. Au moins, Richard Curtis et son excellent Love Actually était capable de lui donner un peu de vie.