Deuxième oeuvre d'une cinéaste prometteuse, "Lost in translation" (USA, 2004) de Sofia Coppola, dans son infinie finesse, utilise et use les ellipses à l'intérieur même des scènes, ceci ayant pour effets de ne plus nous raconter une histoire mais de tracer les évènements de la vie de deux personnages selon une ligne chronologique fabriquée. Ces deux protagonistes sont une ancienne star de cinéma (Bill Murray) et une femme, épouse d'un photographe célèbre (Scarlett Johansson). Mais ce sont avant tout, avant leur identité singulière, un homme et une femme perdus dans leur vie et perdus dans la ville. "Lost in translation" tend donc à sourdre d'un tel désancrage, une magie apparente, en seconde couche, ainsi "Lost in translation" atteint le but de l'Art : montrer les choses derrières les choses, montrer l'amusement des personnages là où la perte de repères incite à la peur. Rencontre entre ces deux êtres, rapprochés par la solitude, unis à être "out". Perdu (lost) en translation (in translation), car les deux personnages et surtout celui de Bill Muray, sont entre deux époques de leur vie, en état de crise donc, en alerte. Et Sofia Coppola décide de représenter cette tension intérieure par un calme amoureux, une ataraxie latente, loin de toute inquiétude, la crise étant palié par la rencontre, par l'amour in fine. Bref, Coppola fille est une réalisatrice qui charge la simplicité apparente de son histoire d'une force rare, force reprise dans "Marie-Antoinette" (USA, 2006). C'est aussi une recherche de la jeunesse, perdu ou même pas trouvé, qu'illustre "Lost in translation". Et le talent de Sofia Coppola est là, dans la recherche. La cinéaste use de finesse et de volupté, loin d'être imbu de soi-même, prêt d'être ivre de tout, surtout de l'impalpable.