C'est un songe, une légère brise qui nous caresse et s'en retourne secouer les champs de blé, les grattes-ciels ... Evidemment on se retourne pour tenter de la retrouver, mais on se perd à tourner la tête partout sur la pointe des pieds, et finalement on se contente de l'agréable sensation de cette caresse, on finit par apprécier d'être perdu au milieu de tout et de rien. Bon, d'accord, je parle surement pour ne rien dire, je n'écris que du blabla, probablement un texte pompeux et présomptueux qui ne sert à rien. Mais je vois pourtant ce film comme ça, quelque chose de très léger - dans le bon sens du terme -, de très agréable, qui nous décroche un sourire jusqu'à l'arrivée du générique ; car j'ai beaucoup apprécié ce sentiment de dépaysement et perdition, les acteurs (génial duo - que Scarlett Johansson est belle ici) perdus au milieu d'un immense paysage qui les dépasse, l'infiniment petit qui réfléchit sur l'infiniment grand qui l'entoure et qui est peut-être lui même. Ces plans légèrement troubles de grands espaces urbains, presque maladifs, représentent vraiment cette forme de vertige que ressente les personnages, qui se cherchent et peut-être se trouvent ... Ces deux êtres, cet Homme et cette Femme fuient dans les méandres d'un Tokyo trop pressé, écrasé par sa grandeur, ils se retrouvent dans leur perdition, ils s'aident, ils se sourient, peut-être s'aiment-ils ...
Ce baiser si bref et pourtant si beau, qui clôt ce magnifique film
, nous renvoie peut-être à nous même, nous, perdus dans le milieu urbain, perdus sans le reconnaître dans le temple de la surconsommation, il y a peut-être quelqu'un à aimer dans notre monde désinvolte. On pourrait dire que ce film est non pas une comédie romantique, mais un conte philosophique sous forme comédie romantique, j'y ai retrouvé la même sensation de légèreté et d'évasion que dans ces courts plans de The Tree of Life, où Sean Penn déambule perdu physiquement et philosophiquement dans un monde urbain qu'il ne reconnait pas. Lost in Translation m'aura en tout cas procuré un bien fou, un vrai plaisir de cinéma, qui dissipe temporairement tout les tourments du quotidien.