Quatre ans après avoir livré l'énigmatique tableau Virgin Suicides, Sofia Coppola revenait sur les écrans afin, cette fois-ci, de flâner mélancoliquement dans les rues de Tokyo. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est tout bonnement brillant.
Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour tourner un spot publicitaire. Il a conscience qu'il se trompe - il devrait être chez lui avec sa famille, jouer au théâtre ou encore chercher un rôle dans un film -, mais il a besoin d'argent. Du haut de son hôtel de luxe, il contemple la ville, mais ne voit rien. Il est ailleurs, détaché de tout, incapable de s'intégrer à la réalité qui l'entoure, incapable également de dormir à cause du décalage horaire. Dans ce même établissement, Charlotte, une jeune Américaine fraîchement diplômée, accompagne son mari, photographe de mode. Ce dernier semble s'intéresser davantage à son travail qu'à sa femme. Se sentant délaissée, Charlotte cherche un peu d'attention. Elle va en trouver auprès de Bob. Dans un tout premier temps, nous percevons Lost In Translation comme une oeuvre très ironique, froide et distante. Seulement, par la suite, les traits s'adouciront un peu afin de nous offrir quelque chose de beaucoup plus drôle, fin, gracieux, poétique et raffiné. En effet, doux, sucré, vide et élégant en surface, acide, profond et torturé à l'intérieur, voilà la marque de fabrique de Coppola fille. Sa mise en scène, sobre mais néanmoins efficace, se retrouvera sept ans plus tard, dans Somewhere, puisque Virgin Suicides, quatre ans plus tôt, disposait malgré tout d'une mise en scène plus appuyée (A l'heure où nous écrivons, nous n'avons pas encore vu Marie Antoinette.)
C'est alors que deux personnes, totalement perdues dans une culture nippone très 'people', chic et fausse (D'où le titre, Lost In Translation), remplies de solitude et d'ennui, vont brièvement se rencontrer. Une rencontre brève, certes, mais néanmoins extrêmement joyeuse, épanouissante et marquante. Une rencontre importante faite durant un passage, un pont de la vie et qui donnera naissance à une relation très complexe et platonique, quelque part entre l'amitié, l'amour père-fille et le coup de foudre. Bill Murray est la parfaite représentation de la vieillesse, du temps qui passe. Scarlett Johansson, à la recherche d'amour et de tendresse, est remplie de délicatesse, de charme, mais également de souffrance. A deux, ils crèvent l'écran. Enfin, comme toujours chez Sofia Coppola, la B.O est très douce, très calme et en harmonie totale avec les images et l'ambiance.
Au final, Lost In Translation est une oeuvre extrêmement personnelle, fragile, douce et profonde. La plus grande réussite de Sofia Coppola à ce jour.