Avec Woody Allen, c’est un peu quitte ou double. Parfois il nous livre des petites perles, parfois des films sans grand intérêt, mais rarement du mauvais. Celui-là fait malheureusement partie de la dernière catégorie et fait tache dans une filmographie globalement bonne. Hormis le fait que Woody nous y ressort ses thèmes habituels – chose qui n’a rien de surprenant -, cet opus, contrairement aux autres, n’a aucune élégance, est d’une vulgarité banale, et est monté à la serpette. Pourtant l’idée de départ est excellente : découvrir la vie privée d’un écrivain à partir de ses écrits. Mais c’est tellement brouillon qu’on ne prend aucun plaisir à regarder cette succession de scènes décousues, et passé le premier quart d’heure, on s’ennuie ferme. Donc à oublier.
Harry dans tous Ses états ( 1997 ), ou comment rendre un film - a priori amusant - irritant et nombriliste au possible. Woody Allen réalise un film parfois drôle, mais étonnamment vulgaire ( du moins de la part du réalisateur new-yorkais, qui nous a habitué à plus de subtilité : Manhattan, Comédie érotique d'une nuit d'été, Alice, etc...). Harry est bien entendu l'alter ego du cinéaste, victime de ses propres obsessions ( qu'elles soient sexuelles ou intellectuelles ), séducteur et plein d'esprit. On retrouve dans Deconstructing Harry les thèmes chers à Woody Allen : les rapports qu'entretient l'homme avec la femme, la crise existentielle ( on pense à Annie Hall ), la psychanalyse, le sexe...Mais le tout n'a rien de transcendant, seulement quelques idées sont vraiment drôles. J'ai l'impression avec ce film que Woody Allen recycle ses recettes humoristiques à l'efficacité renommée au point d'en bégayer. Je lui accorde cependant la note moyenne, malgré la vulgarité, car certains passages sont plutôt amusants ( la cérémonie finale ). Moyen donc.
«Deconstructing Harry» (USA, 1998) ou quand Woody Allen s'analyse encore une fois pour notre plus grand plaisir. Cette fois-ci l'introspection cinématographique prend des airs de mélange contemporain. En effet, à l'instar du cinéma contemporain, la facture de «Deconstructing Harry» mèle l'art et sa confection, en illustrant un tournage ou en menant une réflexion sur la création, Woody Allen joue sur deux pistes : la cause et son effet artistique. Ainsi le film derrière son semblant de comédie anodine est chargé d'une pensée à peine voilé par l'humour. Le montage de Susan E. Morse traduit les emportements névrotiques du personnage d'Harry Block. L'expression du montage se fait donc à mesure du comportement de Harry, tantôt vif et coupé tantôt calme et linéaire. Bien sur l'humour du cinéaste perce encore, voire davantage peut-être parce que le personnage d'Harry réfléchit sur l'art d'Allen même, l'humour étant ici un formidable vecteur pour acquérir à la réflexion, parfois alambiqué, de Woody Allen. Utilisation de bons mots, narration décousu où le réel se fixe sur la fiction plus qu'inversement, «Deconstructing Harry» est une réflexion poussé sur le relationnel entre l'individu, le sexe et les femmes. Dans sa finesse de jeux de mots, Allen réussit à y plasser une vulgarité populaire par soucis de catharsisme. La conclusion qui abandonne Harry/Woody à ses créations s'avère une conclusion de son oeuvre avant l'heure, une digression sympathique du cinéaste où sa psychanalise cinématographique fructifie sa vision de l'art, un art cathartique où l'auteur évoque sa vie à travers ses oeuvres, où l'art devient la vie, une pensée partagée par nombres d'artistes et que Woody Allen se charge d'aborder avec toute la cocasserie qu'on lui connaît.
Un arc de triomphe élevé à la gloire de la vulgarité, un Himalaya de l'hypertrophie du moi, une anthologie des recettes les plus vomitives de l'autosatisfaction, ... voilà tout ce que Woody nous ressert une nouvelle fois avec «Harry dans tous ses états» (1997). Bien sûr, on aime ou on n'aime pas. Moi, je n'aime pas... Certes, on rétorquera que le réalisateur brocarde avec ironie son propre narcissisme, ses fantasmes indéfiniment ressassés et ses angoisses complaisamment entretenues. Mais cela ne rend pas son brouet plus digeste; et son humour oiseux ne me fait pas rire du tout. Harry/Woody s'amuse de sa crainte d'être envoyé dans les tréfonds d'un enfer d'opérette en carton pâte. Quant à moi, l'agacement que provoque son film me donne l'envie de lui attacher autour du cou un gros buste à son effigie (en fonte massive), de lui botter les fesses et, avec un grand éclat de rire, de le précipiter dans un autre enfer, le seul qu'il ait à redouter ici bas, celui de l'oubli cinéphilique éternel!
Grand film encore bourré didées totalement géniales (le personnage flou, Woody prend lascenseur en enfer), très drôle, bien ecrit, "Harry" est une immense comédie qui n'oublie pas de poser des tas de questions sur le couple, les psy, la création, l'art ... Un film riche.
Très inspiré des « Fraises sauvages » de Bergman (son metteur en scène préféré), Woody Allen réalise un film nettement plus noir, plus foisonnant et plus drôle que l’original. En utilisant sciemment une approche cubiste (voir Rubik’s cube) il mêle allègrement fantasmes réels et imaginaires dans un pur délire auto flagellatoire qui l’innocente totalement à ses yeux. Après tout, il reconnaît qu’il ne s’est pas toujours bien conduit, mais ce n’est pas sa faute s’il ne fonctionne « pas normalement dans la vie, mais seulement dans l’art ». Son entourage, qui se reconnaît aisément dans les personnages des romans d’Harry, n’adhère pas à ce point de vue purement égocentrique... D’une virtuosité scénique brillante, le film est soutenu par une interprétation qui ne l’est pas moins, avec une mention spéciale à Billy Crystal dans la descente aux enfers, moment énorme du film, sorte de cerise sur le gâteau à la fois de son cauchemar comique et de l’exécution en règle des religions. Politiquement trrrrrrès incorrect outre atlantique (aaaah c’est encore meilleur !!!!). D’ailleurs Harry ne respecte rien, la shoah pas plus que le reste : « Not only do I know that we lost 6 millions, but the scary thing is that records are made to be broken ! ». Et il fantasme sur des putes de couleur : l’asiatique de service dans ses rêves, la noire dans la réalité (Hazelle Goodman). Que ça fait du bien….. Du très grand Allen.
Alambiquée et déroutante par moment, l'intrigue peine à décoller. Heureusement, les personnages ( comme dans la plupart des films d'Allen ) demeurent fort drôles et pour la plupart d'entres eux, possèdent un humour qui fait mouche.
Revisite comico-cauchemardesque des Fraises sauvages. Précurseur de l'hommmage "imaginaire" qu'on retrouvera dans Big fish. Faire vivre la construction en direct parfois comme dans Providence, ce film est l'apothéose de l'humour noir d'Allen aussi grand acteur que scénariste.
Le film qui m'a fait découvrir, aimer, que dis-je adorer Woody Allen. Depuis, j'ai tous ses films à la maison, et je maudit le jour où j'aurais vu tous ses films... Harry, c'est un concentré des meilleurs woody.
Film très curieux. Certaines scènes sont vraiment droles, mais l'ensemble est vraiment assez déconcertant, que ce soit au niveau des situations ou des personnages. Sinon, c'est plutot bien joué, avec une pléiade d'acteurs.