The Eye, c’est un de ces classiques asiatiques que les Américains leur ont vite enviés et en ont fait un remake peu de temps après. Avant Ring, Dark Water, il y’a eût The Eye, ce film d’épouvante / Fantastique réalisé par Oxide Pang et Danny Pang, les deux frères qui ont déjà réalisé le culte Bangkok Dangerous et Les Messagers quelques années plus tard. L’histoire s’inspire d’un fait réel entendu au journal télévisé : une jeune aveugle de naissance va subir une greffe de la cornée et peu à peu découvrir ce qu’est la vue jusqu’à ce qu’elle se suicide 8 jours plus tard, suite à ce débouchés pleins d’histoires recueillis par ces frères s’assembleront pour former ce synopsis plus qu’alléchant selon lequel Mann est aveugle depuis l’âge de deux ans et qui, 19 ans plus tard, subira une transplantation expérimentale de la cornée. Recouvrant la vue elle va vite distinguer des silhouettes et autres choses paranormales dans son entourage, il semblerait que Mann voit plus que ce que les autres voient. Ces visions cauchemardesques vont la conduire en pleine folie…
Tout d’abord notons que le scénario s’avère vraiment très bon, avec quelques très légers détails mis en suspension (Volontairement pour le deuxième volet ?) mais au final le tout semble cohérent avec bien sûr, du fantastique au programme bien que ce film reste assez réaliste. Les acteurs sont vraiment convaincants, en particulier l’actrice principale de ce film qui s’est vu la lourde charge de quasiment porter le film à elle toute seule sur les épaules, il s’agit d’Angelica Lee qui se charge de particulièrement nous émouvoir, nous faire adhérer à l’histoire, à sa cécité et à son personnage tourmenté et attachant. Fort d’une mise en scène assez inspiré, les frères Pang multiplient les bons plans assez pertinents qui respectent quasiment toujours l’adéquation de la valeur des plans avec les scènes proposés. Cependant on remarque quelquefois que des plans encore plus inspirés et plus approfondis auraient pu être appliqués à certaines scènes. Ainsi, toutefois très bien filmé, ce film arrive à ne pas perdre le spectateur et commence assez vite dans le vif du sujet pour distiller une ambiance crescendo qui malheureusement se perdra un peu lors de la courte révélation de l’intrigue et du pourquoi de ces visions. Comme d’habitude, cela reste l’histoire d’une petite fille, solitaire, différente jonglant sur ce même refrain classique du film d’horreur asiatique de fantômes. De superbes scènes sont à noter, comme l’une des meilleures scènes de ce film, la scène de l’ascenseur avec le vieil homme au visage baissé et nous faisant dos qui va peu à peu s’approcher de Mann. Prenant au tripes, cette scène est l’exemple parfait du potentiel dont les frères Pang et les films asiatiques disposent en matière d’épouvante. Les rares effets spéciaux du film sont vraiment bien maitrisés et utilisés vraiment lorsqu’on ne peut faire autrement rendant un tout réaliste notamment dans cette scène finale, absolument époustouflante et brillant d’une complexité maitrisé, elle se charge de conclure le film en beauté, de nous faire réagir et d’effacer cette baisse de régime des vingt dernières minutes qui précède cette scène finale. Meilleur qu’un Ring, qu’un Appartement 1303 mais bien inférieur au meilleur film asiatique de tout les temps à savoir Dark Water, ce film fera l’objet d’un remake en 2008 avec notamment Jessica Alba dans le rôle de Mann. A la fois, classique et complexe The Eye se distingue par la maitrise totale de son sujet et de son efficacité redoutable. Ce film fut d’ailleurs présenté au festival fantastique de Gérardmer en 2003. (Remporter par un certain Dark Water)
C’est beau de ne pas voir ces choses qui nous effraient et si effrayant de ne pas pouvoir admirer ces belles choses. Voir est un don, tout voir en est un autre. Apercevoir, voir, regarder, admirer, contempler, scruter, obséder, apeurer, refuser, effrayer. C’est dur de voir ce qui existe et tellement facile de voir ce qui n’existe pas. The Eye est un de ces modèle qu’il semble bon de voir.