Intéressante découverte ! Un bon divertissement, des personnages plutôt bien écrit, en somme un film sympathique pour découvrir l'Iliade d'Homère. Pour un film de guerre, il se regarde bien (pas de violence à outrance ou de jet d'hémoglobine exagéré). La musique souligne suffisamment les moments dramatiques ou épiques sans que le visuel n'est besoin de tomber dans le gore.
Les temps forts du récit d'Homère sont globalement respectés, parfois un peu juxtaposé sans réels liens ou profondeur. Mais c'est dû à l'absence de divinité. Le film aborde les thématiques du bien-fondé de la guerre, de l'honneur... et laisse de côté celle d'Homère : les hommes défient les règles imposés par les Dieux jusqu'à renier leur foi. Et que deviennent les Dieux sans mortels pour les vénérer ? Ils disparaissent.
Cet aspect est abordé subrepticement par la décapitation de la statue d'Apollon (et d'autres à la fin du film) cependant sans développer la réflexion
.
Dommage, c'est pourtant pour cette raison que la guerre de Troie reste dans l'Histoire : parce que les Dieux choisissent un camp, pipent les dés par leurs interventions divines et se livrent leur propre guerre aux travers des Grecs et des Troyens. C'est un parti pris du réalisateur d'effacer ou au moins d'amoindrir la dimension mystique de l'œuvre.
Et le film s'en sort très bien sans cela. Certes, des modifications conséquentes ont été faites par rapport à l'œuvre originale, qui ne m'ont pas dérangé outre mesure
- si ce n'est la survie de Pâris, la mort de Ménélas (qui devait retrouver et épargner sa femme à la fin de l'histoire)
, tout en remerciant le scénariste de nous avoir épargné le sort d'Andromaque (esclave) et du fils d'Hector (jeté des murailles avec les autres bébés). A trop axé le film sur la dualité Achille/Hector, le réalisateur a choisi de détourner les destins des personnages à l'origine de cette guerre. La soif de pouvoir d'Agamemnon est cependant bien restituée, contrebalançant la vengeance de Ménélas
qui du coup s'interrompt avec sa mort à la moitié du film
.
Toutefois, je ne peux m'empêcher de regretter l'évocation des 10 ans de siège de la Cité. En effet, elle aurait apporté un plus non négligeable en nous montrant la lassitude des armées grecques sur la côte et des troyens prisonniers de leur ville. Cela aurait également permis d'étoffer le personnage d'Achille,
qui avant de décider de ne plus combattre, a remporté de nombreuses victoires. Celles-ci sont simplement évoquées. Le rythme du film nous fait croire que Troie a été prise en peut-être... un mois (en comptant les 12 jours de trêve)
. Or une guerre est souvent inoubliable, entre autre, du fait de sa durée.
Enfin, ce film s'inscrit bien dans notre époque, le traitement du personnage de Briséis le prouve. Dans l'œuvre d'Homère, Achille la traite pour ce qu'elle est : un butin de guerre. Ici, elle devient sa love-interest et guide ses réflexions sur les raisons de combattre au côté d'Agamemnon. Elle lui inspire la pitié et un désir de vie paisible, ce qui chez Homère, lui est inspiré par des rêves. Merci au scénariste de n'avoir pas fait de Briséis, une plante verte.
En conclusion, je ne suis pas d'accord avec l'adage répété : le seul intérêt de voir Troie, c'est Brad Pitt en jupette ! J'ai passé un bon moment, je trouve que Mr Pitt a plutôt bien géré son personnage malgré quelques poses artificielles, au côté d'un Hector éclatant et d'un Pâris, un peu dépassé (ce qu'il est dans le récit).
Je saluerais même cet instant de rage d'Achille contre Hector et le combat qui s'en suivit, percutant
. La rivalité Achille/Hector fonctionne et le film s'articule habilement autour d'eux.