Le succès de "Gladiator" ayant relancé l'intérêt d'Hollywood pour les péplums, l'industrie a tâché de donner naissance à quelques films marquants du genre sans pour autant y parvenir. Le plus bel essai constitue cependant "Troie", réalisé par Wolfgang Petersen ("Das Boot" tout de même), librement inspiré de l'Iliade et écrit par David Benioff, futur showrunner de "Game of Thrones". L'histoire de cette guerre mythique avait forcément de quoi allécher tout le monde et voilà Achille, Hector, Hélène, Agamemnon, Priam, Ulysse et Pâris sur grand écran dans une fresque ambitieuse qui souhaitait clairement s'inscrire au rayon des grands films épiques. Manque de pot, Petersen loupe le coche sans vraiment que l'on sache pourquoi et se contente de livrer un bon film ce qui est amplement suffisamment même si l'on sent qu'il aurait voulu faire plus. Dans l'ensemble, on n'a pas grand-chose à reprocher au film si ce n'est la présence fadasse d'Orlando Bloom. Le reste du casting est franchement impeccable (Brad Pitt, Eric Bana, Brian Cox, Diane Kruger, Brendan Gleeson, Sean Bean et Peter O'Toole quand même !), donnant corps à des personnages mythologiques avec talent. Le scénario, occultant volontairement toute intervention divine du récit, tâche de faire apparaître en profondeur la complexité de chaque personnage, s'attardant sur plusieurs d'entre eux avec brio, faisant de Achille un guerrier à la recherche de l'immortalité par ses faits d'armes, de Hector un sage qui n'a jamais voulu cette guerre, de Pâris un bellâtre manquant de courage, d'Agamemnon un conquérant assoiffé de sang et de gloire et de Priam un sage roi cependant aveuglé par l'amour qu'il éprouve pour ses enfants. Petersen, de son côté, orchestre de sacrées scènes d'action bien sanglantes (surtout dans la director's cut) qui en mettent plein la vue. Alors pourquoi "Troie", qui est d'une qualité certaine, ne parvient pas à se hisser au-delà ? On a beau revoir le film, en vouloir à quelques scènes en dessous des autres, on n'arrive pas à vraiment mettre le doigt dessus. Contentons-nous alors du film tel qu'il est, ambitieux et assez brutal, à voir de préférence en director's cut.