Troie : Wolfgang Petersen est l’un de ces réalisateurs géniaux, émigrant aux usa, talents en poche ; rêvant surement de gloire... Reconnu internationalement grâce au mémorable « L’Histoire sans fin » ; adaptation personnelle et d’une grande beauté du roman éponyme (chef d’œuvre de la littérature), Wolfgang enchaîna dans divers registres, avant d’atterrir à Hollywood avec des « Air force one », « En pleine tempête »..., où là on lui a confié pognon et le pur gratin d’acteurs ricains. Voilà après quoi, notre cher Petersen arrive devant le projet « Troie » ; guerre légendaire entre Grecs et Troyens, contée dans les deux célèbres œuvres que sont L’Iliade et L’Odyssée d’Homère. Ainsi Wolfgang Petersen retrouve son côté littéraire, son côté poète surement… ; et pour mener à bien le projet, on va lui filer le pognon et ce qu’il y a des plus belles gueules du cinéma américain : Brad Pit, Orlando Bloom, Sean Bean, Diane Kruger, Brian Cox… Au final il nous livre un excellent film ; beau, bien écrit et bourré de scènes magnifiques (« épiques » c’est le mot) ; directement tirées de la légende de L’Iliade. Excellent film, malgré une mise en scène un peu trop Hollywoodienne et creuse, et une direction d’acteurs inégale. Pour ce qui est du scénario ; j’ai été agréablement surpris, et en effet ça m’a bien plu. En fait ici, Petersen ne nous livre pas une exacte retranscription de la légende, de L’Iliade et de tout ce qui fut écrit sur la guerre de Troie ; mais quelque chose de plus personnel, de plus humain. Ainsi, la direction prise par Wolfgang concerne plusieurs points ; primo, pour une guerre qui durait plus de dix-ans sur le papier, Petersen avec ses images lui, va nous la raccourcir et faire passer le siège de Troie pour une excursion dominicale. Secondo, contrairement à L’Iliade, pas de Dieux ici ; pas de Zeus et sa foudre, ni d’Aphrodite et de sauvetages…, Wolfgang glisse zéro intervention divine dans son métrage ; et Achille a beau bousiller le temple d’Apollon et lui cracher à la gueule, rien. D’ailleurs, cette absence de Dieux est ponctuellement discuté dans le film, et d’une certaine façon ; l’essence des Dieux, et leur aura, imprègnent nombre personnages. Un parti pris que j’apprécie ; une histoire d’hommes, une guerre déclenchée par l’amour de deux êtres, et fomentée par l’avidité d’un tyran (Agamemnon). Tercio, arrive donc Achille ; mon préféré, et assurément The personnage de Troie. Franchement, j’ai beau y avoir réfléchi mais je ne pense pas que quelqu’un d’autre aurait pu l’interpréter, si ce n’est Brad Pitt. Achille au début, nous est donc livré à merveille, parfaitement retranscrit avec ses attributs de héros ; propre à la mythologie grec ; Achille est beau, il emballe les plus belles gonzesses, il est le plus puissant guerrier, provocateur et orgueilleux…, c’est un héros. Par la suite, et c’est là que ça devient intéressant ; Wolfgang prends le contre-pied, pour venir écorner l’image du valeureux héros grec demi-dieu. Ainsi plus humain, Achille tombe d’abord amoureux de Chryséis ; pour elle il arrête de se battre…, puis vient le doute, l’introspection, la réflexion beurk ; et il faudra attendre la mort de son cousin Patrocle, pour qu’Achille revienne à lui, lui et sa colère légendaire. Ma foi pour tout le reste du film, la structure narrative suit parfaitement L’Iliade ; déroulant ainsi la guerre de Troie jusqu’à sa fin, et nous offrant ses plus belles scènes ; duel entre Ménélas et Pâris, duel entre Achille et Hector, cheval de Troie, talon d’Achille… Ainsi, Troie est un film que je qualifie de semi-historique ; gorgé d’émotions, de bonne volonté, sans une once d’ennui…, on ne voit pas le temps passer.