Je pensais les avoir tous vus…mais c’est finalement la tentative belge qui m’aura échappé le plus longtemps, au sein des adaptations plus ou moins fidèles des écrits de Charles Bukowski. Figurant clairement parmi les “moins fidèles” du lot, cette version ne nie d’ailleurs pas être très librement inspirée du recueil poétique du même nom, et tout autant influencée par les souvenirs personnels du réalisateur. C’est d’ailleurs d’une évidence absolue dans le premier segment, qui relate les différentes tentatives, par un gamin d’une dizaine d’année, de découvrir les choses de la vie comme on le disait pudiquement à cette époque. C’est souvent drôle et tendre, situé dans un cadre non identifiable qui pourrait être autant l’Amérique que les Flandres et filmé avec suffisamment de volonté de distanciation de la réalité - une approche qui a malheureusement presque totalement déserté le cinéma belge - pour donner à cette partie du film un étrange aura de “réalisme magique”. Le second, situé à l’adolescence, mêle sans doute souvenirs et archétypes bukowskiens, avec ce personnage, poète mais ravagé par un acné virulent, qui tente vainement de conclure le bal de promo comme la tradition prétend qu’il doit être conclu. Enfin, le dernier est l’adaptation littérale d’une nouvelle de l’écrivain américain. On y suit encore le même personnage, plus clairement devenu un émule de Buk, dans l’accomplissement final de sa quête fantasmatique. Cette conclusion étrange est dépeinte avec plus de sensibilité et de poésie qu’on s’y attendait et demeure bien moins dérangeante et transgressive, que la vision qu’en donnerait Patrick Bouchitey quelques années plus tard, avec le mémorable ‘Lune froide”.