C'est l'histoire de Gerry et Gerry, ils marchent, ils respirent, ils marchent, ils respirent, et même qu'à un moment : ils s'assoient. Oh navrée, on vient de vous spoiler Gerry (le film, pas les Truc 1 et Truc 2 qui marchent dans le désert), mais le visionnage de cet OVNI de l'ennui nous a tellement coûté qu'on ne pouvait pas ne pas vous prévenir du contenu - à notre sens - inexistant du film. Enfin, "inexistant" est certainement un mot un peu fort quand on a passé six mois à l'étudier sous toutes les coutures avec un professeur de cinéma dithyrambique sur le message naturel que le film véhicule... Donc oui, on a bien saisi que l'Homme est infiniment petit dans son environnement, négligeable au point de ne pas avoir "son mot à dire" (le film est quasiment muet) et d'être si petit dans les plans larges (comme une fourmi), on a bien vu que l'Homme assis (Casey Affleck) filmé en traveling circulaire devenait lui aussi une montagne sur laquelle coule l'eau (il a le nez qui goutte, concrètement, mais le prof a insisté pour analyser son rhume des foins, donc bon...), on a aussi bien vu que le corps de l'Homme semble si puissant lorsqu'il est filmé au sommet d'une montagne (la prolongation d'un élément naturel éternel) et si fragile lorsqu'il en redescend (ils meurent de soif et de fatigue)... Oui, tout ceci, à moins d'être aveugle, on l'avait bien vu, d'après la finesse de pachyderme qu'applique Gus Van Sant à son propos philosophique. On regrette carrément cette ouverture soporifique (la voiture qui roule, sans musique, pendant plusieurs minutes...), ainsi que toutes les séquences de marches silencieuses qui nous donnent des furieuses envies de zapper, sans compter l'humour lourdingue qui semble sortir de nulle part (lorsque Casey doit descendre du gros caillou : tout ce cirque pour cela ? Vraiment ?). Et sans compter non plus sur le beau minois de Matt Damon, puisque ce dernier préfère se transformer en pile de linge sale dont dépassent tout juste ses yeux (on ne pourra même pas se rincer l’œil...). A voir les notes élevées obtenues par Gerry et l'hystérie qu'il provoquait chez notre prof, on a l'impression d'être nous-mêmes perdus au milieu du désert... Mais voir deux Gerry qui marchent en silence pendant 1h30, on dirait le début d'une blague, franchement.