Certes,il fallait du courage.Courage d'aborder un tel theme,courage de filmer un tel point de vue,courage de savoir et de combattre la polemique et les reticences de nombreux historiens,Chretiens,et (surtout) Juifs,avant meme la sortie du film.Pour un cineaste (ou pour n'importe quel autre artiste),le courage est une chose noble,a la seule condition qu'il soit au service d'un resultat passable de tous commentaires negatifs (sauf si le cineaste filme des erreurs historiques,qui peuvent etre,pourquoi pas,un parti pris).Apres les longs crachats accusant le film d'un antisemitisme odieusement abondant (qui ne m'a pourtant pas choque,puisque c'est un point de vue comme un autre),de blasphemes par ceux qui ne jurent que par Dieu,et de censures,revoltes contre la chair crue martyrisee,"La passion du Christ" ne peut que susciter le degout et le rejet.Censures et revoltes misent a part,le film de Mel Gibson ne suscite effectivement que le rejet et le degout.Pas tant par les abondances de flots de sang et la crucifixion 'live' du Christ,mais tout simplement parce que il n'y a rien de cinematographique la-dedans.Mise en scene esthetisante de tres mauvais gout donne un resultat boursoufle et ampoule de toute part (ralentis successifs en particulier).Gibson assene son histoire a grands coups de lourdes symboliques et renvoie le mot 'subtilite' au ciel,prefere donner dans le grand spectacle inutilement sanglant et partisan que dans l'intimite d'un Dieu (?!),qui aurait surement mieux fait d'etre universel comme son theme.Le scenario est au plus haut point du classiscisme,et les acteurs font tous semblant de pleurer,sauf les Juifs qui,eux,font semblant d'etre les victimes.Gibson n'insuffle aucune dose d'emotion,ni de furie ou...de passion.Mieux vaut voir ou revoir son chef-d'oeuvre "Apocalypto",plutot que de se farcir ses deux longues heures sans relief,et qui dechainera plus les foules qu'il ne les passionnera (sans faire de jeu de mots).Amen,toutefois.