Ying Xiong, un des derniers films de l'excellent Zhang Yimou, a tout du Wu Xia Pian parfait. Une fable chinoise qui réunit en tête d'affiche Jet Li (son meilleur rôle, ici), Tony Leung Chiu-Wai, Maggie Cheung Man-Yuk, Zhang Ziyi, Donnie Yen, et tant d'autres. Les deux acteurs à se distinguer sont ceux qui ont formé l'un des plus beaux couples du cinéma, chez Wong Kar-wai et maintenant chez Zhang Yimou : Tony Leung et Maggie Cheung. Toujours juste dans leurs émotions, ils n'en font jamais trop, leurs regards sont animés de passion. Une justesse incroyable, un charisme à toute épreuve, les deux comédiens resteront dans les mémoires. Le réalisateur n'y est pas pour rien : Zhang Yimou, celui qui a découvert Gong Li et Zhang Ziyi, excelle tant dans la direction d'acteur que dans les combats faramineux qui symbolisent ses Wu Xia Pian. En effet, le metteur en scène réalise l'un des meilleurs travaux visuels que la Chine (pourtant le pays qui a le meilleur visuel du cinéma) ait connu. Avec l'aide du géniallissime Christopher Doyle à la photo, Yimou construit de superbes cadres, à la mélancolie symbolique, où toute utilisation du numérique est faite à bon essient. En résulte des combats fantastiques, plus impressionnant que quelque ballet (merci au cinéma, qui permet d'employer des techniques visibles nulle part ailleurs), où l'audio et le visuel s'accordent justement. La musique de Tan Dun, avec au violon le grand soliste Ithzak Perlman, trouve le compromis idéal entre musique traditionnelle chinoise et rythme d'action. Ecrit d'une façon fantastique, le long-métrage se permet néanmoins une morale hors de tout manichéisme, et où le chevalier et la félicité générale sont mis à l'honneur. Une ampleur dépassant de loin quelque classique hollywoodien tel Spartacus, Ben-Hur et autre reconstitution à grande échelle ; un véritable opéra, qui avec House of the Flying Daggers, donne une terrible envie de voir le prochain Wu Xia Pian de Yimou : The Curse of the Golden Flower.