Les Phallocrates est un film signé Claude Pierson, célèbre réalisateur de cinéma érotique et pornographique, qui s’est aussi lancé, avec un succès fort limité, dans le cinéma plus classique, signant ces Phallocrates !
Comme pas mal de comédies du temps, c’est médiocre. Je ne doute pas des bonnes intentions de Pierson, mais il nous sert un grand moment de n’importe quoi, et comme je me tue à le répéter, quand on veut faire du n’importe quoi, c’est ce qui demande le plus de rigueur, de maitrise, sinon c’est une soupe pleine de grumeaux.
Le film tient à peu près la route pendant dix minutes. Ok c’est super lourd, c’est d’un goût que certains trouveront douteux (mais bon, ça je ne juge pas, et après tout le titre du film ne prend pas en traître !), mais ça reste à peu près crédible et tenable. On sent où le film va. Et puis tout d’un coup, sans qu’on s’en rende vraiment compte, c’est le craquage total, le film devient un vaudeville aussi burlesque qu’incompréhensible. Narration calamiteuse, situations qui deviennent de plus en plus invraisemblables, et puis la dernière partie alors c’est le bouquet. Un bal costumé dans un asile de fou, et le pire c’est que c’est tellement incompréhensible et brouillon qu’on ne sait même plus comment ils en sont arrivés là. En vérité il n’y a pas de fond, pas de propos, on dirait que le film est tourné en fonction des aspirations loufoques du réalisateur et des acteurs, jusqu’au final explosif qui pour ma part finit d’achever le ridicule de l’ensemble. Les Phallocrates c’est donc 1 heure 30 environ de débilités qui se succèdent à un rythme survolté, de séquences sexy totalement gratuites mais sans doute là pour appâter le chaland. En fait j’ai un peu retrouvé ici l’esprit de Qu’est-ce-qui fait craquer les filles de Michel Vocoret, seulement c’est là où l’on voit la différence. L’un fait de l’absurde mais en maitrisant son propos, ses gags, et en développant une véritable intrigue sous-jacente, tandis qu’ici c’est juste du vaudeville bordélique.
Les acteurs en roue libre sont aussi totalement pas comparables au film de Vocoret. Concours de surjeu en règle, le summum est atteint par Roger Carel, le directeur de l’asile qui écrase sans trop de difficulté ses comparses dans le ridicule et le cabotinage éhonté. Marco Perrin remarqué est pas mal dans son genre non plus, face à un Jean-Daniel Laval qui a au moins le mérite de paraître constipé la plupart du temps, et donc d’éviter de forcer son jeu. Le casting féminin est peut-être plus appliqué, mais bon, ça reste avant tout du charme en barre, et un jeu déjà moins marquant. Faut dire qu’entre les inconnues et Isabelle Goguey, qui possède sûrement l’une des filmographies les plus intenses en matière de nanardise du cinéma français, il y a du lourd. Alors le film a quand même réussi à recruter ce bon vieux Paul Préboist, pour ainsi dire la star du film même s’il a un second rôle. En fait il semble que Pierson l’a recruté pour attirer le gogo mais sans avoir de rôle à lui confier. Donc Préboist fait le clown, je suis presque certain que le réalisateur lui a dit de monter sur le plateau et d’improviser. Vous aurez ainsi Paul Préboist faisant la mouche, Paul Préboist imitant le coq, j’en passe et des meilleurs. Il est d’une inutilité crasse, et toutes ses apparition tiennent à peu près dans du mime animalier.
Comme je me suis déjà bien étendu sur ce film je serai rapide sur le travail formel qui est aussi faiblard que le reste. Mise en scène sans relief, décors médiocres (le film se passe quasiment que dans des intérieurs, en tout une maison, un bureau, et peut-être une maison bourgeoise un peu opulente pour la dernière partie, sans doute loué à la journée et sans accessoiristes ou décorateur). Le seul effort de fait a été sur les costumes, là il y a du lourd et en quantité, c’est presque étrange de voir ça. La bande son est fort médiocre, mais assez drôle. Le réalisateur semble avoir imposé son fils à la musique, mais le plus cocasse reste les chansons de générique, interprété par un chanteur de « charme », et surtout par une femme qui chante abominablement faux.
Les Phallocrates c’est une comédie franchement pas enthousiasmante. Oui, je pense que la meilleure façon de résumé ce métrage c’est d’en parler comme d’un joyeux bazar vaudevillesque, aussi bavard qu’incompréhensible. C’est très énergique et sans doute plein de bonnes intentions, le film n’est pas antipathique du coup, mais faire de l’absurde convaincant est un exercice très difficile, et là où Vocoret y était parvenu grâce à des acteurs au top et à une écriture précise, Pierson se plante. 1