Film particulier et abouti pour son rythme, son utilisation de la musique, sa réflexion, son jeu d'acteur. Jacques Demy, quelques années après "Les parapluis de Cherbourg" et "les demoiselles de Rochefort" réalise un film à la française, au Etats unis; et il semble que l'ensemble du film résulte de l'affrontement entre ces deux cultures cinématographiques. Au final, Demy réalise un film à la française où l'on parle anglais : étrange mais agréale mélange. Anouk Aimée apparait comme le point culminant de ce mélange : accent anglais moyen par exemple, ce qui rend en partie son interprétation splendide. "Model shop" est un film complet, mieux réussi que "Lola". Film sur l'amour, la vie, la mort, la famille, l'art, le temps, la femme mais également la société... Et tous ces thèmes, que l'on retrouve dans le film, semblent développés dans leur universalité, c'est à dire que leur développement donne au spectateur une certaine émotion. L'émotion de ressentir quelque chose qui est vrai : peinture du désespoir d'un individu; vivant dans une société qui perd son sens; qui est désespéremment au fond de lui même à la recherche de l'amour. L'amour comme solution au bonheur mais également l'amour comme le sentiment le plus fort qui existe. L'amour domine la compassion, l'amitié pour la jeune blonde avec laquelle vivait George. L'amour domine la mort, le temps : George oublie qu'il va à la guerre le temps d'une nuit. Mais l'amour dans sa magie n'arrive qu'une fois, et pour Lola il est déjà trop tard. Grand film donc de Demy avec une mise en scène de réelle qualité : beaux plans, rythme original et plaisant, belle utilisation de la musique, jeu d'acteur très bon. Et également de très belles séquences, notamment la première dans le Model shop ou George parle à Lola. Très beau final également. Un film à voir donc, et à apprécier pour ceux qui font l'effort intellectuel suffisant et qui possède une sensibilité artistique.