Je suis un peu déçu car ce n'est pas là le meilleur film d'Herzog, loin de là et je pense que c'est tout simplement dû au fait que le film soit très court et que part conséquent le sentiment de mort qui peut englober un Gasherbrüm est forcément moins présent, mais aussi parce qu'on le sait tous, le Soufrière n'a pas explosé... Et le plus tragique dans tout ça c'est que le spectateur, comme Herzog est désolé que la catastrophe n'ait pas eu lieu, que le chaos ne se soit pas déchaîné, alors que tout était là pour montrer la vacuité, la fragilité de l'humanité... mais non... rien...
Cependant le film est vraiment bien fait, rien que le très beau titre allemand indique qu'on attend la catastrophe, qu'elle est inévitable, et même si on sait qu'il ne s'est rien passé en 1976 et bien on attend, on attend de voir l'enfer se déchaîner sur Terre, on attend de voir toute la vie se réduire à néant. De plus Herzog nous donne une sorte d'avant goût en nous racontant l'histoire bien connue également (en France du moins) de la montagne Pelée et de son fameux seul survivant.
Mais plus que ça, on attend d'apprendre que les images des pauvres types qui ont choisi de rester, acceptant ce qu'ils croient être leur destin, étaient les dernières que l'on a prise d'eux, qu'Hezog est le dernier à les avoir vu en vie...
Ce n'est ni par voyeurisme, ni par sadisme, mais pour quelque chose qui devrait être la beauté de l'art, l'émotion...
Mais finalement le monde n'est-il pas si absurde, que la chose la plus délirante qui puisse se produire n'est pas le chaos causé par une éruption, mais bel et bien cette attente sourde, dans la peur, de quelque chose qui n'arrive pas et dont on ne sait quand est-ce-que l'on pourra être rassuré que ça soit enfin terminé. Le monde n'a tellement pas de sens que même lorsqu'on croit qu'il va se passer quelque chose, que tous les signes sont là, il parvient malgré tout à nous surprendre.
Il n'empêche que Herzog est franchement imprudent, fou, pour aller s'aventurer sur un volcan sur le point d'exploser... car si Pline n'a pas été épargné, il ne l'aurait pas été non plus... le volcan se moque de la renommée, de l'argent... il détruit tout... lorsqu'il veut bien détruire...