Aspen Extreme c’est un de ces films qui divise énormément, selon la position que l’on adopte au visionnage. D’un côté, si vous êtes fan du début des années 90, si vous aimez le ski, l’ambiance des stations, si vous êtes skieurs vous-mêmes, vous devriez adorer. D’un autre côté, si vous aimez les histoires bien ficelés, les films dramatiques où on ne se sent pas trop dans un soap-opera, alors vous n’allez pas du tout aimer !
Pour ma part, Aspen Extreme n’a pas beaucoup retenu l’attention à sa sortie pour la simple raison qu’il était ouvertement destiné à un certain public amateur de la discipline. On le ressent un peu partout, notamment sur la forme. Le réalisateur s’empare fort bien de l’ambiance de cette station de ski, il souligne les petits détails, au point d’ailleurs qu’aujourd’hui on se croirait dans une peinture hyperréaliste du début des années 90 (ah, les jeans moulants taille haute pour les filles, c’était si sexy !). Impossible pour un amateur des stations de ne pas se sentir chez lui dans ce métrage, qui, ne l’oublions pas, raconte d’abord la vie de deux moniteurs de ski, et non de skieurs pros ! A ce niveau-là le réalisateur saisi une belle atmosphère, et avec le cadre paysager sympathique, c’est super. La réalisation elle est moyenne, notamment niveau scènes de glisse. J’attendais quand même plus de spectacle, de force. Là on pourra rester sur sa faim, mais c’est vrai que ce n’est pas un film d’action à la base.
Intéressant sur la forme, le souci viendra sans doute du fond. Aspen Extreme ne se force pas du tout. Linéaire, parfois assez mou, se compromettant dans une intrigue où tout semble trop facile ou trop artificiel (même lorsqu’on est censé avoir des émotions fortes), Aspen Extreme n’a pas beaucoup de profondeur. C’est un film basique finalement (rien que le contraste du duo de héros est par exemple un lieu commun), mais qui a tout de même le mérite d’éviter de paraître trop quelconque en s’attachant à un sujet singulier : l’histoire de deux moniteurs de ski. Pour ma part, Aspen Extreme ne m’a pas spécialement accroché, car refusant le spectacle au profit d’une histoire assez fade, je suis resté sur un résultat mi-figue mi-raisin. Ça se laisse suivre bien sûr, mais cette histoire d’amitié est archétypale. Le final, sombre, n’est pas mal vu, mais soyons franc, il est attendu. Et bien que sombre, le traitement l’affadi.
Le casting est sympathique, mais ce n’est pas lui qui apporte beaucoup de force à l’histoire. Paul Gross et Peter Berg forment donc le duo de héros. Berg c’est l’irresponsable, Paul Gross le gars sérieux. Leur duo fonctionne, après les interprètes ne sont pas spécialement accrocheurs plus que cela. Leurs personnages restent classiques, leur contraste sans surprise. Le casting féminin tire finalement un peu son épingle du jeu. Même si Finolas Hughes et Teri Polo restent principalement des atouts charme, il ne faut pas se leurrer, j’ai trouvé leur interprétation convaincante, et elles parviennent parfois à s’imposer. Dommage que le réalisateur ne leur donne pas davantage la possibilité de s’exprimer.
Pour ma part, Aspen Extreme échappe au moins à un écueil dangereux : le fan-film qui sur du n’importe quoi nous offre une succession de scènes spectaculaires mais sans cohérence. Là on sent qu’il y a une volonté de donner de la consistance, du moins de créer une vraie histoire avec les mésaventures, tragiques souvent, de ces deux jeunes gens. Reste que le traitement très soft (l’avalanche, le moment clé du film par exemple est d’un impact plus que ténu), la linéarité et le classicisme du déroulé ne parviennent jamais à tirer ce film du divertissement mineur. En clair, un passionné de ski aura plaisir à se plonger dans l’ambiance d’une station de si en plein été, mais les autres auront peut-être plus de mal à se laisser conquérir. 2.5