Nouvelle collaboration entre Tony Scott et Denzel Washington, Man on Fire marque également le début d'un parti pris visuel de la part du premier. En effet, sa réalisation enchaîne les plans à un rythme très rapide: les images saccadés, vieillis et sales se superposent les unes aux autres et peuvent entraîner une lassitude de la part du spectateur, tant elle perturbe les sens. C'est ce point qui pose le plus débat, mais Scott reste tout de même un faiseur diablement efficace. Et pour cette nouvelle réunion avec son acteur, il a sous le coude un atout majeur: le personnage principal, Creasy. Dense et complexe, Creasy représente à la perfection ces personnages sur la corde raide, au passé plus que trouble (un ex-agent au service de la CIA, ça peut en avoir des névroses), très penché sur le whisky et les pensées suicidaires. Un esprit qui va rentrer en contact avec la petite Pita, que Creasy rencontre le temps d'un travail de garde du corps. D'abord peu enclin à établir le contact avec la fillette, Creasy finit peu à peu par se laisser apprivoiser et finalement parvient à reprendre pied. Mais, la mission tourne mal, et la petite fille se fait kidnapper par un groupe de ravisseurs, chose courante en Amérique Latine, et encore plus auprès de famille fortunée comme celle de Pita. Creasy, blessé et de nouveau seul, laisse sa furie exploser, et sa vengeance sur les ravisseurs sera sans pitié. Peu original, ce scénario, me direz-vous. C'est exact mais le personnage de Creasy amène l'intrigue hors des sentiers battus. La deuxième moité du film s'avère être la plus dérangeante et paradoxalement la plus efficace. Entre deux exécutions (les scènes sont d'ailleurs d'une violence rare), Creasy remonte le fil d'une organisation qui est une synthèse d'un pays gangréné par le mal, et recèle de rebondissements assez intéressants, pour garder notre attention. Le problème vient du style qui, même si en adéquation avec la psyché disparate de Creasy, peut vite agacer. Heureusement, les comédiens sont parfaits (mention spéciale à un Denzel Washington inédit) et le scénario est suffisamment fourni pour qu'on s'y intéresse.