Pour la situation disons géographique, on est quasiment dans le champ de "La Femme d'à côté" de Truffaut mais heureusement, sans la théatralité des voix de F. Ardant et de G. Depardieu. Passons.
Il s'agit là d'un marivaudage gentillet où le quinqua du quatuor cède au démon de midi et trouve un second souffle, une "nouvelle personnalité" en tombant amoureux de la jeunette épouse, vaguement nunuche, de son voisin et confrère.
C'est super chouette pour tout le monde jusqu'au moment où le pot aux roses (rouges) est découvert. Là, c'est la cata générale mais la fin renvoie les conjoints à leur foyer légitime en redonnant un équilibre gris amère à l'ensemble. Désormais, il se sera passé quelque chose que les protagonistes n'oublieront pas. Mais ça, on semble s'en fiche un peu.
Alors, il y a cette "histoire" des tenues stylées & colorées mais passé I. Carré et ses fringues chamarées (il existe des nanas qui s'habillent ainsi, et ça me plaît), les 3 autres acteurs jouent aussi à carnaval. C'est sympa , joyeux, frais, on se croirait "Au Théâtre ce soir" mais ça ne fait plus crédible. P-être fait exprès ?
Et cette overdose de ROUGE sang de la passion qui a été fichue partout, du sol au plafond, des volets au papier peint, des coussins aux voitures, et même la nourriture est rouge. Dans le cas où on n'aurait pas remarqué qu'il y avait du rouge dans ce film ! Bizarrement, l'herbe est verte. Tiens, même quand la baie vitrée explose sur la tête de N. Baye et qu'elle saigne, encore du rouge ! Cette exagération récurrente donne l'impression qu'on nous prend pour des gogos regardant un film gag.
Ensuite, y'a ces choeurs à la manière des choeurs antiques qui commentent en off voire miment. Heureusement que sur ma télé, j'ai mis les sous-titres qui ont été fort utiles pour comprendre leurs textes, pas inintéressants d'ailleurs. Mais quelle plaie que ces jeux & minaudages des choristes eux aussi déguisés pour carnaval ! Cela casse le rythme et réduit sans cesse le film à "autre chose" de pas crédible, pas sérieux, pas vrai, p-être du patronage. CQFD.
Pas aimé non plus la scène pseudo-loufoque du badigeonnage d'encre parce qu'elle se fait par étapes. Ca en devient rapidement ridicule. Il aurait dû ne passer qu'une seule fois la main sur son visage et ça nous aurait suffi pour comprendre sa situation intérieure et en rire de bon coeur. Et puis, il manque la scène juste après où il serait apparu ainsi à une secrétaire, une boulangère ou un patient.
En revanche, j'ai bien aimé l'histoire de la bite qui grandit, crève le plancher, creuse les caves et vient se placer là où elle le désire pour dire qu'elle est là. C'est poétique et bien joué par JP. Bacri.
La scène où I. Carré tente de retenir son mari est aussi très bien vue.
Donc dans l'ensemble, rien d'extraordinaire dans l'impression à cause de cette sorte de distorsion des choses tirant dans des sens contraires entre la peinture des sentiments de quelques affinités électives temporaires et l'invraisemblance formelle du chromatique et du choral semblant dire qu'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise blague.