Ce ne sont pas les “poubelles de la comédie française” comme j’ai pu le lire un peu partout mais je concède que ‘Budapest’ sent tout de même bizarre. Personnellement, je n’ai pas beaucoup apprécié le film mais je lui reproche surtout sa lâcheté, pas sa subversion et son mauvais goût. ‘Budapest’ est ce qu’on pourrait appeler une comédie “à l’américaine”, sorte de croisement entre ‘Very bad trip’ et ‘Projet X’ et supposément inspirée de faits réels, dans laquelle de jeunes cadres cyniques créent un boîte spécialisée dans les EVG (pour “Enterrement de Vie de Garçon”) en Hongrie, pays où il semble que tout soit permis moyennant quelques euros : à savoir, une comédie clinquante, tonitruante, survoltée, excessive...enfin, pas tant que ça en fait : les comédies décérébrées comme les modèles américains de ‘Budapest’, on les supporte mieux quand tout le reste est irréprochable : le rythme, l’absurdité, la vulgarité, le tempo humoristique,...Dans cette variation française, l’ambition y était mais question résultat, on est quand même loin du compte. Les acteurs, par exemple, fonctionnent bien ensemble, on pourrait même qualifier Monsieur Poulpe de “Révélation” dans le créneau de l’humour de Légionnaire, mais le film reste assez médiocrement écrit, et les scènes vraiment drôles se comptent sur les doigts d’une main. Mine de rien, réussir une comédie relève d’un dosage assez subtil, et la méthode “Plat régional” - on mélange tout et n’importe quoi, en le noyant sous la gnole et en saupoudrant d’un peu de cul - ne donne que rarement de bons résultats. Mais ce n’est pas vraiment pour cette raison que je méprise ‘Budapest” : je le méprise parce qu’il n’est pas cohérent avec lui-même. Reprenons un peu les bases : l’idée, c’est qu’on va à Budapest pour boire et dégueuler, se bourrer de substances illicites, tirer à la kalach, piloter un char d’assaut réformé et, bien sûr, se taper tout ce que la ville compte de stripteaseuses et de putes. C’est le fond du film, c’est aussi la base de son humour. Et donc, alors qu’on se disait qu’il y avait peut-être un petit espoir d’une comédie avec un réel mauvais esprit et un authentique mauvais goût, le scénario, par le voix de ses personnage, découvre que ce n’est pas ça la vie, que c’est pas moral de proposer ça aux gens avant leur mariage, et qu’ils doivent s’amender, sous peine de perdre eux-mêmes ce qui compte vraiment pour eux. Pourquoi, bordel ? Le dernier truc dont j’ai besoin dans une comédie qui m’a vendu un projet à base de dope, de slivovitz et de professionnelles, c’est de scrupules ! D’ailleurs, on peut précisément isoler le moment où ‘Budapest’ se transforme en comédie born-again : c’est lorsqu’un prestataire local leur propose du dézinguage de clochard au lance-roquette : les personnages se pincent un peu le nez en disant que non, non, ça quand même, c’est un peu trop. Ils auraient dit “Oui” que le film était sauvé…!