J'avoue que même si je souhaitais le voir depuis longtemps, je ne plaçais pas beaucoup d'espoirs en « Budapest ». Pourtant, peut-être inconsciemment, que ce soit le nom de Xavier Gens ou le casting (très) légèrement politiquement incorrect, je sentais qu'il pouvait se passer quelque chose.
C'est le cas d'emblée : on croit aux personnages, à leurs échanges, à leurs rêves, le duo Manu Payet - Jonathan Cohen fonctionnant idéalement, tandis qu'un travail évident a été porté sur les dialogues. Il y a bien quelques lourdeurs dispensables, mais ça se tient, la suite confirmant ces bonnes dispositions, notamment un scénario plutôt original, évitant habilement les situations forcées et, surtout, loin d'être si prévisible.
Le réalisateur évite ainsi d'en faire trop, de dramatiser inutilement, ne se reposant pas sur une seule idée 90 minutes durant, préférant jouer des allers-retours entre les deux pays, la relation qu'entretienne les deux amis, la place de plus en plus prépondérante prise par les épouses dans l'intrigue (surtout Alix Poisson, d'ailleurs).
Dommage, comme je l'évoquais brièvement ci-dessus, que Gens cherche parfois le trash assez inutilement et s'encombre de quelques balourdises, comme s'il fallait absolument combler les plaisirs faciles d'un certain nombre de spectateurs. Alors parfois c'est drôle, efficace, et un peu de graveleux, au vu du sujet, pourquoi pas. Mais aussi de temps à autre nettement plus gratuit et pas franchement nécessaire à l'intrigue.
Après, quand je pèse le pour et le contre, je me dis que peu de comédies françaises actuelles sont capables d'offrir un récit sortant des sentiers battus, rompant avec les schémas narratifs habituels, porté par des acteurs totalement dans le ton et quelques scènes vraiment réjouissantes (je pense notamment à ce final assez fou). Et s'il y a donc cette frustration d'être passé tout près d'une grande réussite, nous aurions bien tort de manquer ce voyage, surtout en si bonne compagnie (masculine comme féminine!).