J'ai entendu dire que ce film d'animation était aujourd'hui méconnu. C'est dommage car malgré les quelques défauts qu'il a, il est quand même agréable à voir.
Commençons tout d'abord par les lacunes. Déjà, les décors, les graphismes et l'animation laissent quand même un peu à désirer: digne de la qualité de quelques suites Disney sorties directement en vidéo sans passage au cinéma mais malgré tout dont l'animation tient à peu près la route comme Le Roi Lion 2, Pocahontas 2 ou La Belle et le Clochard 2 mais les décors font de même penser à ceux des premiers jeux vidéos en 3D sur PS ou PS2. Heureusement que ça reste digne de la qualité d'un Tomb Raider qui a toujours été très bon pour l'époque de sa sortie. Alors j'exagère sans doute un peu car le film d'animation est adapté d'une série tv d'animation et sans doute le style est volontaire mais pour du cinéma, ça reste maladroit et des années plus tard, Les Simpsons, le film eux-mêmes adaptés d'une série tv d'animation auront quand même bénéficié d'une animation adaptée au cinéma alors qu'ici, ce n'est pas le cas pour le DA dont nous parlons qui fait trop téléfilm pour film d'animation destiné au cinéma.
Par chance, tout ceci est rattrapé par une excellente intrigue dont le début fait penser à un pastiche de l'intro du premier volet d'Indiana Jones: L'Arche Perdue: la recherche d'un trésor perdu dans une pyramide égyptienne remplie de pièges (pas une idole dans un temple maya pour brouiller les pistes) qui seront évidemment déjoués par nos chers Riri, Fifi et Loulou toujours aussi en forme dans leurs personnalités de "castors juniors" malins, alertes et rusés (mais restant des enfants aimant jouer). Puis petit à petit, le spectateur se rend compte qu'il est en réalité en train de regarder une adaptation moderne (version canard) du conte des mille et une nuits: Aladdin et la lampe merveilleuse; cette chère Zaza trouvant dans le trésor perdu une lampe d'apparence banale renfermant en réalité un génie capable d'exaucer des voeux. Génie enfantin qui en réalité aimerait bien être libre et avoir la même vie que Riri, Fifi, Loulou et Zaza mais qui peut être l'objet de dangereuses convoitises, notamment celle du très intelligent et dangereux sorcier Merlock possédant un talisman lui donnant une quantité illimitée de voeux et étant également cupide, cruel, tyrannique (traumatisant le génie tant qu'il en pleure et surtout avec son acolyte Dijon [auquel je reviendrai un peu plus tard] qui craint toujours le retour de bâton lorsque son maître peut avoir une colère potentielle)...On ne sait jamais s'il peut être violent ou non, mettre ses menaces à exécution mais il peut tantôt faire preuve d'une certaine classe dans ses transformation (aigle, faucon, tigre...la meilleure: un griffon géant), tantôt plus dégoûtant (rat, cafard...), tantôt plus discret (divers insectes volants, rampants manquant de se faire griller au laser ou écraser) et portant une cape bleue foncé le rendant encore plus menaçant. Personnalité cupide ne contrastant finalement pas tant que ça avec celle de Picsou qui lorsqu'il s'aperçoit que le soi-disant ami petit garçon de ses neveux est en réalité un génie n'hésite pas à leur ravir car c'est "une poule aux oeufs d'or" qui peur lui rapporter une fortune et lui permettre d'avoir de l'argent à l'aide de voeux. Les deux personnages sont certes cupides mais ce qui les différencie et que Picsou n'est ni violent, ni tyrannique, ni cruel et que l'amour qu'il a pour ses neveux fera qu'au final il se préoccupera plus de la sécurité du génie et de l'amitié que ses neveux ont pour lui par amour pour eux.
Le film contient également de très bons personnages comme ce cher pilote d'avion Flagada Jones non effacé qui rate toujours autant ses atterrissages mais réussit toujours aussi bien ses crashs, la nourrice Mamia Baba victime des quelques voeux-bêtises de la petite Zaza qui la rendront folle (heureusement Zaza se rattrapera en faisant sa part pour débrancher les alarmes et c'est également elle qui a trouvé la lampe [ainsi que libéré le génie]sans laquelle il n y aurait pas d'histoire) ainsi qu'Arsène le majordhomme, toujours éveillé et calme malgré le caractère colérique et boudeur de Picsou et les enfants agitateurs qui bien que bien non plus méchants que lors de leur création font toujours autant de bêtises et peuvent faire tourner en bourrique la maison Picsou. Un seul personnage m'a beaucoup agacé, c'est Dijon. Il peut faire rire parce que c'est un gros froussard maladroit qui craint toujours le retour de bâton de son maître mais le fait un que ce soit le seul personnage "arabe" voleur et cupide du film montre un gros cliché raciste présent encore dans de nombreux films américains aujourd'hui. D'aileurs, sa cupidité finira par causer beaucoup d'ennuis que je ne dévoilerai pas ici.
Les comédiens de doublage de ce film d'animation sont quant à eux au meilleur de leurs formes. Philippe Dumat, toujours aussi bon pour représenter dans Picsou le gros cliché du cupide et de l'avaricieux tout en lui donnant un côté plus humain en faisant de lui un oncle aimant pour ses neveux qu'il considère "presque" comme ses propres enfants. Jean-Claude Donda, en donnant à Flagada Jones une voix enfantine tout en lui montrant un côté affectif pour Picsou, le rend comique et attachant à la fois. Séverine Morisot, au lieu de rendre Zaza niaise, lui donne un côté attachant en lui donnant un ton de petite fille certes sage mais rusée mais prête à avoir ce qu'elle veut en se montrant persuasive envers son oncle et également en tentant de consoler ceux qu'elle aime quand ils sont tristes. Jacques Ferrière doublant Dijon et Arsène leur donne à tous deux des tons différents mais trop stéréotypé pour Dijon qui a un accent exagéré mais heureusement Arsène, lui, a un ton adapté à son personnage: droit même si la situation est désastreuse. Claudie Chantal, qui fait la nourrice Mamie Baba, la rend ici très comique car les bêtises des enfants la rendent folle et hystérique au point de la faire hurler et ce ne sont pas les répliques cultes qui manquent"Ah! Monsieur Picsou! Monsieur Picsou, j'ai besoin de vacances! Ah!". William Coryn (qui à cette époque n'était pas encore connu pour son grand rôle de Kyle Broflovsky dans South Park et surtout n'était pas directeur d'écriture des dialogues français de la même série malgré le fait qu'il faisait déjà de nombreux rôles dans Il était une fois l'homme ou Le bus magique) est surprenant dans le rôle du génie solitaire et tourmenté qui aimerait vivre comme n'importe quel petit garçon et qui malgré le fait est nerveux d'être convoité est plein de joie de vivre enfantine qui se reflète dans ses pouvoirs magiques quand il réalise des voeux: adore faire apparaître des glaces, des trampolines, des delta-planes, des petits trains (mais les apparittions et les pouvoirs ne sont guère impressionnants et se limitent à des petites poussières blanches car il n'y a pas que les décors, les graphismes et l'animation qui souffrent de lacunes: les effets spéciaux sont eux aussi assez pauvres: seule l'apparition de la terrifiante maison de Merlock est crédible [voire assez effrayant] ainsi que l'enfoncement dans un dangereux court d'eau peuvent convaincre) mais détestent réaliser des voeux cupides et mauvais (a de la peine, pleure quand il le fait) comme faire apparaître des trésors, des paysages de désolation ou éjecter pour leur faire faire des chutes mortelles. Et W.C rend tout à fait bien l'émotion dans sa voix sans le rendre neuneu, mielleux ou pleurnichard mais juste enfantin et idéaliste d'une manière réaliste et de plus généreux et censé (sauve la vie de Picsou qui ne le voit d'abord que comme un moyen de s'enrichir) "Quel est le plus important, la fortune ou la vie? Hé! C'est pas une devinette, vous savez." "Logique, blâmer le génie. Je n'ai fait que sauver votre vie. C'est pas ma faute si Merlock en a après moi. J'ai pas demandé à être indispensable. Ce que je veux, c'est une vie bien à moi. Comme vos neveux." Quant à cette chère Martine Reigner qui double nos chers Riri, Fifi et Loulou, elle est toujours aussi en forme car on n'a pas du tout l'impression que c'est la même personne qui fait les trois personnages. Elle leur donne à tous des tons différents et au final, on distingue bien les trois personnages aussi bien par la voix que par les tenues ainsi que la personnalité: Riri, leader, Fifi, inventeur et Loulou, plus sportif que les deux autres (surtout dans la série). Dans ce film, par contre, l'absence de Donald est le défaut principal et c'est dommage parce que la maladresse de Zaza ressemble un peu à la sienne et le gage de l'éléphant aurait sans doute été plus drôle si c'était lui qui avait "fait ce stupide voeu" (merci Loulou) plutôt que Zaza car ça correspond plus à la personnalité de Donald qui est bien plus gaffeur qu'un enfant alors que Zaza l'est beaucoup dans la série. Mais ça, c'est plus subjectif. En tout cas niveau doublage, la palme d'or revient à Jean Topart dans le rôle de cher Merlock qui est si menaçant qu'il pourrait figurer dans un top des performances les plus effrayantes. Malheureusement, son seul raté est un rire diabolique un peu trop plat dans lequel il a sans doute voulu mettre du réalisme mais ça n'était pas une bonne idée. Par chance, il sera rattrapé par un ricanement digne d'un vrai méchant Disney qui aurait pu attribuer à Merlock le mérite de faire partie des méchants des Grands Classiques Disney si ce film d'animation n'était pas adapté d'une série tv. Lui aussi a des répliques cultes qui font rire "Tu les as laissé te voler la lampe minable pickpocket?!" aussi bien que peur "Et si Picsou t'échappe encore une fois, ce sera ta condamnation." Très bon casting! Et une seule personne pour les voix additionnelles (Raoul Delfosse), faut le faire!
Niveau musique, David Newman a composé ce qu'il fallait pour ce film: elle convient parfaitement aux émotions visuelles où le génie devient de plus en plus complice avec ses jeunes "maîtres" Riri, Fifi, Loulou et Zaza qui le voient dès le départ comme un ami (bien que voulant qu'il réalise leurs voeux), à celles des personnages et à leurs dilemmes car mine de rien le film contient quelques scènes sérieuses sur le fait qu'on doit considérer les gens autour de nous comme des personnes et pas des moyens de faire du profit et se soucier de leurs propres problèmes et leurs rêves, aux scènes d'actions où l'on sent une montée d'adrénaline ne sachant pas si (comme on se doute que le film conclut la série) un personnage secondaire important va disparaître durant une scène d'action dangereuse, de rebondissements inattendu où certains personnages se retournent contre d'autres, aux scènes comiques où la magie du génie provoque de l'agitation inattendue et des rires dans la maison des Picsou et également des scènes tristes où la convoitise de la précieuse lampe aura des conséquences graves sur non seulement la vie des Picsou mais également la ville de Canardville. Il y a également la chanson culte "La bande à Picsou" de Mark Muller (chantée par Jean-Claude Corbel) que l'on retrouvait dans la série tv qui donne le sourire aux lèvres lorsqu'on l'entend et que l'on a presque envie de fredonner si on l'a entendue à la télévision avant d'aller le film mais il ne s'adresse pas aux fans de la série mais également à ceux qui n'auraient peut-être pas eu la chance de la voir car aucun des personnages secondaires de la série n'est montré ou mentionné (alors que ce sera le cas plus tard dans Les Simpsons, le film qui s'adresse exclusivement aux fans où l'on voit beaucoup de collègues d'Homer ou son patron [alors qu'on ne voit jamais Homer au travail] ou bien certains de ses amis). Dijon était certes apparu dans un ou deux épisodes mais ici, la famille Picsou fait comme s'ils ne connaissaient pas.
Pour finir, on a dans ce film les bases du Grand Classique Disney qui sortira un an plus tard en France: Aladdin: le mythe de lampe contenant un génie capable d'exaucer trois souhaits pour un maître, un méchant sorcier convoitant la lampe qui finalement sera trouvée par un héros (plusieurs dans La Bande à Picsou Le Film) et un affrontement avec le sorcier.
Malgré ses quelques défauts, La Bande à Picsou Le Film Le Trésor De La Lampe Perdue est un très bon divertissement et il plaira à n'importe: aussi bien au jeune public et aux plus âgés à qui il peut donner le sourire et faire grâce à l'incorrigible avarice de Picsou qui le rend comique aux yeux de n'importe qui.