Michael Bay livre sans doute avec Bad Boys II son film le plus outrageusement crétin qui soit. Pour être honnête, tout en appréciant généralement le réalisateur, ici il force le trait jusqu’à l’indigestion parfois, et les acteurs en font des méga-caisses.
Ok, c’est vrai, et comme souvent avec le réalisateur, visuellement ça envoie. Scènes d’action spectaculaires, décors nombreux et amples, mise en scène qui parvient à être fluide en dépit de la grandiloquence de ce qui nous est montré, Bad Boys II est un film qui bourrine, et qui profite de l’efficacité habituelle du réalisateur pour en mettre plein les yeux. A souligner que le film est parfois étonnement gore, donc il ne vaut mieux pas le prendre comme un buddy-movie avec juste des vannes, il y a aussi de la violence graphique, et de l’humour noir. La bande son est dans le ton du film, mais moins marquante que pour d’autres films de Bay. Elle ne retient pas outre mesure l’attention.
Le casting est bien sympa, mais le duo principal en fait des tonnes. Concours de vanne à deux francs six sous, surjeu éhonté (surtout Martin Lawrence, parfois à la limite de l’insupportable), personnages en carton-pâte, notre duo de héros est étrangement antipathique en fait ! Certes le scénario qui de façon très artificielle cherche à les confronter est bien moisi, et ne les aident pas, mais Will Smith et Martin Lawrence, en dépit d’une évidente alchimie, sont plus souvent consternants qu’enthousiasmants. A la limite Smith semble à l’aise, et assure plutôt bien, même le second degré, mais Lawrence est à la masse. Autour de ce duo des seconds rôles souvent inutiles (Gabrielle Union par exemple), mais un grand méchant assez cocasse campé par Jordi Mollà. Pour moi c’est l’inverse de notre duo de héros. S’il se retrouve avec un personnage excentrique et excessif qui pouvait déboucher sur un surjeu horrible, il trouve le ton juste, et pour moi c’est la meilleure surprise du casting.
Le scénario reste cependant ce qu’il y a de plus affligeants ici. Tant qu’on reste sur l’intrigue du parrain de la drogue, à la limite, ça passe. Des histoires avec pas mal d’invraisemblances dans un film d’action de ce genre, ce n’est pas nouveau, et ici il y a une certaine drôlerie, et un rythme solide. Après ça n’en reste pas moins bien creux. Mais le souci c’est que visiblement soucieux de ne pas donner cette impression de creux, le scénariste a pensé bon d’introduire des sous-intrigues : disputes entre les deux héros (pour une fesse !), histoire d’amour qui nous gratifie de l’une des scènes les plus invraisemblables du film… et là c’est la cata ! Ça blinde le métrage de bavardages superflus et souvent grotesques, et ça casse le rythme. Le spectateur pourra presque être gêné de voir ces morceaux de film, qui généralement arrive dès lors qu’une scène d’action se termine. Ah, parfois il y a aussi quelques gags, et je peux vous dire que certains ont la finesse d’une enclume (les rats, mais purée !).
Bad Boys II est un spectacle hautement régressif, que j’ai trouvé personnellement efficace dans l’action, et qui sans nul doute témoigne du côté moins politiquement correct de Bay que la saga Transformers. Reste qu’entre la stupidité incroyable de certains dialogues et de certaines situations, le cabotinage des acteurs principaux, et l’humour qui plaira trop souvent uniquement aux amateurs de comédies franchouillardes bien grasses des années 80, le spectacle s’en trouve amoindri. Si je donne la moyenne, c’est vraiment parce que le film dépote niveau action, que la mise en scène est solide et qu’il y a quand même une teinte un peu trash pas désagréable. 2.5