Le Diable rose c’est le genre de sexy comédie typiquement française des années 80, au niveau assez médiocre, même si curieusement, en grattant le vernis de la nullité on trouve quelques petites choses qui auraient pu promettre un résultat meilleur.
Le casting mêle trois types d’acteurs. Les seconds rôles récurrents du cinéma français du XXème siècle d’un côté, avec bien sûr Roger Carel et Pierre Doris en tête. Si le second est honorable, le premier en général allemand cabotine de manière outrancière et offre une prestation assez indigne de ce qu’il est parfois capable de faire. Il ne cherche vraiment pas à relever le niveau de l’ensemble, mais heureusement on ne peut pas dire qu’il apparaisse beaucoup. La deuxième catégorie c’est celui des stars affirmées, représenté ici par la seule Brigitte Lahaie qui dans le domaine de l’érotisme en 1987 était quand même un nom. Comme souvent elle relève le niveau de ce dans quoi elle joue, offrant une interprétation charismatique, qui évite le ridicule, et elle assume des prestations scéniques (effeuillages et chansons) avec un certain talent il faut le dire. Ses apparitions sont clairement au-dessus du reste. Enfin il y a ceux qui n’ont quasiment rien fait d’autre après. C’est le cas d’Angelica Barthe, qui a enchainé sur quelques rôles modestes sans succès, et Maria Borringer, pourtant photogénique à défaut d’être une actrice accomplie, qui après un tour dans la chanson est redevenu une anonyme (après ça il valait peut-être mieux). De ce point de vue il y a du bon et du moins bon, avec certes des interprètes qui à l’écran ont une belle présence mais jouent assez mal.
Le scénario est incohérent. Je n’ai quasiment rien compris. En gros c’est la pantalonnade entre allemands-résistants-prostituées-religieuse-soldats anglais dans un cabaret normand, avec plein de quiproquos, de scènes copulatoires, des dialogues foireux. L’histoire est totalement délaissée au profit de gags ridicules, de scènes érotiques soft, et de bidasseries. Tout n’est pas mauvais, notamment côté érotisme, grâce à des actrices convaincantes, mais pour le reste c’est d’un niveau vraiment faible, le métrage offrant du méga-lourd côté humour (le général allemand a un slip rouge parsemé de croix gammées !), et un foutoir tel qu’il est difficile de bien accroché sur la durée.
La réalisation est tout de même peu imaginative, mais on sent un réalisateur rodé au genre érotique. De la part du réalisateur de l’infâme La revanche des mortes-vivantes j’ai presque été surpris de voir de l’érotisme soft pas si mal foutu. C’est assez bien fait, et c’est souvent varié, avec des prises de vue suggestives intelligentes qui ne montre finalement pas grand-chose, mais le sous-tend avec efficacité. En revanche la dimension fauchée du métrage est évidente. Les décors sont très peu à la hauteur, des costumes seuls les lingeries des dames font illusion, les images d’archives mêmes font pâle figure, la photographie ne s’avérant pas suffisamment bonne pour rattraper ces loupés. Enfin la bande son est curieuse. Elle mêle des choses assez éclectiques. Elle n’est pas désagréable, mais le clou du spectacle reste tout de même les prestations chantées de Lahaie !
Au final Le diable rose n’est pas atroce. J’ai déjà vu pire dans le registre. Cependant il est clairement dommage que le réalisateur n’est pas affiné son film avec une écriture beaucoup plus structurée, un humour nettement plus travaillé, et que des acteurs, pourtant pas inconnus comme Carel n’est pas forcé un peu plus. Dommage aussi que le métrage fasse vraiment pauvre visuellement, car de fait la reconstitution en pâtit. J’accorde 1.5.