Oui, bon, ben les Démoniaques ça reste un film très moyen, et si je lui accorde la moyenne, ce n’est en tout cas pas pour les acteurs.
Ces derniers sont en effet unanimement à la masse. Peu connus globalement, voire pas du tout, on voit évoluer d’illustres anonymes avec des habitués de Rollin (Dargent par exemple) et une actrice issue de l’érotisme, Joëlle Cœur. Aucun n’a vraiment de talent, certains font même des contre-performances incroyables (le grand méchant de l’histoire notamment), et surtout il y a un terrible manque de charisme et de présence. A part peut-être Cœur, qui parvient à sauver quelques scènes avec une évidente expérience de l’image (mannequin de charme il me semble), le reste c’est juste hallucinant de fadeur. Les deux héroïnes n’ont aucune présence, les méchants ont l’air de ramasseurs de moules recrutés par Rollin comme ça sur la plage pour dix billets, et je n’ose même pas parler du pseudo-Raspoutine du pauvre. Je me souviens dans les Rollin de Brigitte Lahaie. Elle ne jouait pas très bien mais elle avait une présence, là ce n’est aucunement le cas !
Le scénario est plein de problèmes aussi. Bon, déjà il y a des longueurs. C’est typique de Rollin, mais des fois c’est plus digeste, là ça sent quand même les étirements inutiles à plus d’une reprise. Le souci venant aussi du fait que Rollin ne dynamise jamais son film, restant sur un ton d’une linéarité impressionnante, même lorsqu’il est question de viol ou de morts violentes. De plus, malgré d’indéniables bonnes idées, Rollin s’enlise dans trop complexe, dans trop grandiloquent, et finit par noyer un début efficace et sérieux, sous des délires plus ou moins psychiques et métaphysiques très mal maitrisés, et souvent plus ridicules qu’autre chose. Faut dire que les acteurs n’aident pas.
Heureusement Les Démoniaques se rattrapent visuellement. Rollin est dans un bon jour, et livre une mise en scène un peu statique mais très raffinée, avec de réelles qualités en matière de cadrages et d’idée de plans. Le final fait partie de ces bons moments, mais l’usage des décors de façon générale est brillant, et Rollin livre quelques morceaux presque digne d’un grand film américain (le bateau en flammes !). Cette propreté visuelle se poursuit donc dans des décors très efficaces. Faisant la priorité au naturel, Les Démoniaques s’appuient sur de très beaux paysages, et des lieux mystiques qui font mouche lors de leur apparition (notamment une abbaye en ruine). La photographie complète cette série de qualités, s’avérant tout à fait plaisante, même s’il n’y a pas autant d’audace que dans d’autres métrages du réalisateur. Sinon pas d’horreur ici, même les viols et autres joyeusetés ne sont pas très graphiques. De la nudité il y en a, mais sans outrance. On est plutôt dans la moyenne basse de chair étalée par Rollin. Enfin, bonne musique, qui attrape dès le début le spectateur dans une ambiance originale. Elle accompagne bien l’ensemble du film.
En clair, les carences des acteurs absolument atterrantes et un scénario très brinquebalant handicap un film à petit budget qui aurait surement pu trouver une place très honorable dans la filmographie de Rollin. Techniquement bien foutu, Les Démoniaques souffre d’un propos mal structuré, et d’interprètes en carton-pâte. 2.5