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chrischambers86
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3,0
Publiée le 5 janvier 2014
Pas vraiment une copie conforme du magnifique "Stromboli" de Roberto Rossellini, le "Vulcano" de William Dieterle vaut surtout pour la composition de la grande Anna Magnani en ancienne prostituèe qui se sacrifie pour èviter à sa soeur de suivre le même chemin qu'elle! Rècit de la difficultè de vivre dans cette règion extrêmement rude comme l'ètait l'île volcanique de Stromboli! Ô Vulcano, forgeron et dieu du Feu, qui avait pour ouvrier les cyclopes, une île qui a tirè son nom de la divinitè romaine, et est elle-même à l'origine du mot vulcanologie! Diffusè jadis au cinèma de minuit de l'ami Patrick Brion, le film de Dieterle donne une impression de solitude et de dèsolation qui confèrent à l'île une beautè inquiètante et barbare! Avec comme dans "Stromboli", la fameuse pèche à l'espadon dont la Magnani en sort moins bouleversèe que la Bergman! Une curiositè avec le tombeur de ces dames à l'italienne, Rossano Brazzi, qui fait tomber une autre actrice de lègende dans ses filets...
Un générique de début sur fond de carte de la Méditerranée : voilà ce qu’il fallait aux Italiens pour entrer dans le film, en plus de la voix off qui poursuit l’impression télévisuelle pour expliquer qu’une des Îles Éoliennes est Vulcano – un nom à la fois plus évocateur & mystérieux que celui de sa voisine Stromboli.
Un décor parfait pour doublement enfermer le village italien typique qui sert de sujet au film comme à tant d’autres ; un paese est toujours renfermé sur lui-même, mais on peut imaginer que Vulcano l’est même pour l’Italien moyen : une petite île surmontée d’un volcan en activité, voilà de quoi bien expliquer l’esprit de clocher, même si ce dernier est balafré par une brèche depuis la dernière éruption, il y a 18 ans.
Les bâtiments sont aussi paisiblement solides que le lent dépeuplement de l’île, qu’une vie un peu hellénique ne suffit pas à rendre idéale pour les jeunes. Les Îles Éoliennes sont des ossements d’îles, nous dit-on : un piège à spectateurs ? Pas vraiment : Vulcano est le premier film à bénéficier de prises de vue sous-marines, un exploit qui complète le tableau photographique en plus d’ajouter un petit côté chasse au trésor, sans faire oublier au réalisateur que s’il tient à montrer Vulcano, il faut en montrer la vie pour ce qu’elle est.
Mais l’attention portée à la chasse à l’espadon où à l’exploitation des ressources d’une montagne qui s’effrite est assez modique. Le volcan aurait pu être un leitmotiv mais on ne sollicite ses ”grommellements” qu’une fois. Il ne restait plus que l’interprétation pour entretenir le fantasme d’une île perdue, cette extension d’un pays pour lequel elle est une curiosité : heureusement, Anna Magnani est là, n’ayant rien perdu de sa superbe depuis Rome, ville ouverte, qui apporte la dose d’expérience nécessaire pour son personnage fort, blessé & caustique qui fait tout le film en même temps qu’une bonne part de la relation avec sa ”sœur” d’outre-océan, Geraldine Brooks.
On peut regretter que le gardien du volcan soit résumé au vieux sage sur sa montagne, & il peut nous sembler que le peu de présence du mont ardent est aussi frustrant aujourd’hui qu’il pouvait l’être jadis, mais son enseignement sur la jeunesse insularisée & sa vision assez progressiste sur la perniciosité du crime sont innégligeables.
Alors que Ingrid Bergman tournait le chef d'œuvre Stromboli avec Robert Rossellini, Anna Magnani, ancienne compagne du réalisateur se sentant abandonnée par son pygmalion, décida de se lancer dans ce véritable contre-projet, qui tire son nom d'une île sicilienne voisine. Donnant ainsi lieu à l'un des plus célèbres face-à-face cinématographiques, aux enjeux plus personnels que professionnels. Certaines séquences sont troublantes tant elles apparaissent dans les deux films. Si le film de William Dieterle n'arrive bien entendu pas au niveau de celui de Rossellini, Vulcano est loin d'être une œuvre totalement négligeable. Anne Magnani y est convaincante, la réalisation est tout à fait valable et certaines scènes sont réussies. A voir après avoir vu Stromboli, aussi pour apprécier l'anecdote !